L’OFFENSIVE de la Mutualité Française, en route vers son 39ème congrès, les 4, 5 et 6 juin prochains à Bordeaux, a commencé. En direction des assurés d’abord : pour la première fois, la Mutualité, qui rassemble la quasi-totalité des mutuelles santé, se tourne vers le grand public en invitant les internautes à exprimer leur opinion sur son site sur trois thèmes : Êtes-vous bien soigné ? La santé coûte-t-elle trop cher ? Faut-il avoir peur pour la Sécu ? Surtout, un document d’orientation de 120 pages, dit « prérapport », diffusé auprès des mutuelles et des « relais d’opinion », prépare le terrain des orientations stratégiques qui seront soumises aux délégués du Congrès.
Parfois accusées d’être « ringardes » ou, pire, « opaques » dans leur gestion, stigmatisées par le gouvernement à propos de leur « matelas financier », et mises à contribution dans le dernier budget de la Sécu pour renflouer une branche maladie exsangue, les mutuelles entendent apporter des réponses ; elles aspirent surtout à peser davantage sur l’organisation même du système de santé. « La Mutualité Française n’a pas vocation à se replier sur elle-même, ni à jouer aux forteresses assiégées. Nous avons choisi de ne pas rester inertes… », avance Jean-Pierre Davant, président de la FNMF.
Dans sa première partie, le livre dresse un état des lieux sans concession : pour la FNMF, les systèmes de santé et de protection sociale n’ont pas enregistré de progrès significatifs ces dernières années.La Mutualité regrette que la France « tarde à s’engager sur la voie de l’amélioration de la qualité » aussi bien dans les « établissements », les « pratiques » et les « produits de santé ». Le réquisitoire est connu : prévention insuffisante, « exemples édifiants de non-qualité », dossier médical toujours dans les limbes, « déséquilibres » de l’offre de soins, démarche de formation et d’évaluation « en retrait », mais aussi croissance préoccupante des restes à charge qui conduit au renoncement à certains soins… Pour la FNMF, l’assurance-maladie est « plus fragilisée que jamais, notamment dans sa capacité à gérer le risque. Dans ce contexte, le rôle des complémentaires ne peut que s’accroître. Reste à fixer le mode d’emploi.
Dans la deuxième partie du document préparatoire au congrès, la FNMF trace sa feuille de route. La prise en charge des pathologies lourdes est un axe prioritaire. La Mutualité s’est engagée dès 2006 sur la voie d’un « parcours de santé mutualiste » (devenu Priorité Santé Mutualiste) qui prétend fournir aux adhérents une gamme complète de services d’information, de prévention, de dépistage, d’aide à l’orientation (vers des services hospitaliers publics ou privés répertoriés) et d’accompagnement pour la prise en charge des cancers, des maladies cardio-vasculaires, des addictions, et du risque de perte d’autonomie. Rodé en Bretagne et Languedoc-Roussillon, le programme doit se déployer sur l’ensemble du territoire « dès le premier semestre 2009 ». Selon nos informations, la Mutualité a également confié à son conseil médical et scientifique un groupe de travail sur la prise en charge des pathologies chroniques et les moyens de « protocoliser » leur prises en charge.
Lutter contre les situations de rente.
Dans la perspective du congrès de Bordeaux, la Mutualité a demandé à son réseau de recenser tous les projets innovants en matière de qualité en santé mais aussi de maîtrise des coûts, l’objectif étant de lutter contre « les situations de rente ». La Mutualité - qui salarie déjà 15 000 professionnels de santé ! - entend non seulement développer son propre réseau de 2 200 services de soins et d’accompagnement mutualistes (hôpitaux, cliniques, centre de santé médicaux, centres dentaires et d’optique, service aux personnes âgées…) mais conforter sa stratégie de négociation collective ou individuelle avec les offreurs de soins (sur la nature des prestations, la mesure de la qualité, les prix et le contrôle). La régulation des pratiques tarifaires est érigée en priorité : c’est notamment l’objet de la difficile négociation sur le secteur optionnel. La Mutualité veut également avancer « rapidement » sur la voie des « alternatives au paiement à l’acte ». Au bout du compte, la démarche annoncée est celle d’une implication active des mutuelles dans la gestion du risque santé dans le cadre d’un partenariat serré avec le régime obligatoire. La loi favorise cette évolution. À terme, une politique de conventionnement mutualiste dont la doctrine reste à approfondir.
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