Label, filière internationale commune, innovation, stratégie en réseau

Les CHU font bloc pour imposer leur marque et valoriser leur expertise

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Publié le 12/12/2016
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Le soin, l’innovation et la recherche restent les trois piliers des CHU mais ce modèle doit être revu pour relever les défis dans un marché de la santé devenu mondial : tel a été le message des organisateurs – doyens, directeurs généraux, présidents de CME – des assises hospitalo-universitaires réunies à Toulouse, qui ont avancé une panoplie de propositions tournées vers l'avenir (encadré).

Les instances dirigeantes des CHU défendent un nouveau mode d’organisation en réseau, assurant une taille critique. « Faut-il garder la totalité des 32 CHU alors que nous comptons aujourd’hui 13 régions ? a interrogé Jean-Pierre Dewitte, président de la conférence des directeurs généraux. Nous proposons que les CHU travaillent en réseau pour permettre d’augmenter la taille des équipes de recherche, en partageant certaines sur-spécialités entre plusieurs CHU mais sans que personne ne perde son identité ».

Cette recomposition territoriale a commencé avec la mise en œuvre des  groupements hospitaliers de territoire (GHT). « Nous pouvons envisager de partager des projets médicaux et des postes, de passer des conventions entre établissements, de sortir des murs », énumère le Pr Michel Claudon (Nancy), à la tête de la conférence des présidents de CME.

Capitaliser

Pour renforcer la lisibilité de l'offre et valoriser l’expertise des CHU, un « label CHU » pourrait voir le jour, déployé parmi les acteurs de l’hospitalisation à domicile, les maisons de santé ou encore les établissements. « Nous l’envisageons dès 2017, c’est une façon d’anticiper l'avenir : un CHU diffus sur le territoire et qui hospitalisera de moins en moins », explique Jean-Pierre Dewitte.  

Autre ADN : la recherche et l'innovation. La refonte des financements est jugée impérative. Les CHU réclament une dotation fléchée pour la recherche au sein de l'ONDAM (objectif national de dépenses d'assurance-maladie). Un fonds d’amorçage de 300 millions d'euros dans le cadre du programme d’investissement d’avenir pourrait aussi changer la donne. « C’est une question cruciale », insiste le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens, regrettant « l'incapacité française à capitaliser sur ses innovations ». Et de citer le cas des valves aortiques par voie percutanée, innovation issue des CHU, aujourd’hui commercialisée par des entreprises américaines. « Pour inverser cette tendance, il manque des plateformes d’innovation de pointe, ce fonds aiderait à les développer ». 

Classe moyenne mondiale

Dans un marché concurrentiel, les CHU se mettent en ordre de bataille pour créer dès 2017 des filiales permettant d’exporter leur savoir-faire et répondre à des appels d’offres internationaux. Deux filiales seront créées (pour l’AP-HP et les autres CHU).

Une marque internationale « France University Hospitals » verra le jour afin de promouvoir l’accueil de patients étrangers. « Il existe une clientèle de classe moyenne mondiale qui cherche une offre de soins non disponible dans son pays. Nous avons une offre d’excellence à faire valoir », explique Christophe Gautier (Strasbourg), porteur du projet au sein de la conférence des directeurs généraux. 

Dans un contexte social dégradé à l’hôpital, ces assises ont enfin confirmé l’urgence d’améliorer (et d'assouplir) les statuts des médecins et des paramédicaux. « Le système de fonctionnement de l’hôpital paraît invraisemblable aux plus jeunes », résume le Pr Dubois Randé. Au menu : passerelles, financements de recherche pour les plus jeunes ou encore statut de professeur assistant.   

 

 

 

 

 

De notre correspondante Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin: 9542