Alors que la loi Travail – qui projette de supprimer le dispositif actuel de visites médicales d’embauche ainsi que l’avis d’aptitude (ou d’inaptitude) au poste – est en cours d'examen au Sénat, le COCT, instance de gouvernance de la santé au travail associant les partenaires sociaux, les services de l'État et la CNAM, a adopté une série de recommandations pour restaurer l'image et l'attractivité de la filière.
L'objectif affiché, précise le document, est de permettre aux salariés et employeurs de « pouvoir s'appuyer sur une médecine de spécialistes », et ce alors que le nombre de médecins du travail est passé de 7 000 à 5 000 en dix ans, avec une moyenne d'âge de 55 ans. Une situation d'autant plus alarmante que la proportion de postes non pourvus aux ECN a atteint près d'un sur deux en 2015, illustration de ce défaut d'attractivité.
La première piste, à effet immédiat, porte sur la promotion de la filière de médecine du travail dans les facultés : il s'agirait de rendre possibles les stages de deuxième cycle pour les étudiants, d'augmenter le nombre de postes d'internes en médecine du travail effectivement pourvus et d'insérer, dans le cadre du troisième cycle, des modules « valorisant » cette spécialité auprès des futurs praticiens d'autres disciplines.
Multiplier les reconversions de praticiens expérimentés
La seconde proposition consiste à faciliter la reconversion vers la médecine du travail de praticiens expérimentés issus d'une autre spécialité médicale. Le COCT propose ici de s'appuyer sur le statut de collaborateur médecin, créé par la loi du 20 juillet 2011. « Cela implique de faciliter la formation préalable des collaborateurs médecins en harmonisant la formation théorique et pratique (...), en assouplissant les conditions de stage (...), et en ouvrant les lieux de stages qualifiants aux services de santé au travail », précise le document de travail du COCT.
Les partenaires sociaux mettent aussi l'accent sur l'amélioration des capacités universitaires de formation et de recherche en médecine du travail, secteur en grande difficulté. Ils suggèrent de nommer des professeurs de médecine du travail dans les facultés qui n'en disposent plus et de valoriser la recherche par la mise en place d'une école doctorale en santé au travail.
Le levier des équipes pluridisciplinaires
Enfin, cette feuille de route ambitionne de faciliter la constitution d'équipes pluridisciplinaires de santé au travail. « Il importe d'améliorer les conditions de formation des infirmiers du travail avec des référentiels de compétence (...) et avec la mise en place de stages dans les services de santé au travail », peut-on lire. Le développement de formations transversales est également souhaité.
Selon le Dr Bernard Salengro, président de la CFE-CGC santé au travail qui a pris part à plusieurs réunions, les syndicats espèrent que ces propositions seront « prises en compte par le gouvernement et introduites dans la loi pour certaines ».
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