« La prison n'est pas un lieu de soin en tant que tel mais un lieu où des personnes peuvent nécessiter des soins », explique le Dr Fadi Meroueh, chef de service d'une unité sanitaire en maison d'arrêt, résumant ainsi l'avis des participants au colloque « psychiatrie et prison ». Psychiatres, magistrats, sociologues, contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL)… dénoncent la quadrature du cercle que représente le soin en prison.
Les UHSA sont un point de crispation particulier qui continue de diviser. Créées en 2002, ces structures hospitalières sécurisées sont destinées aux détenus souffrant de pathologies psychiatriques lourdes et nécessitant une hospitalisation. Les neuf premières (440 places) se déploient sur le territoire depuis 2010. Réclamée depuis longtemps, leur évaluation par l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l'Inspection générale de la Justice (IGJ) commence, tandis que la ministre de la Santé Agnès Buzyn vient d'annoncer le lancement de la construction de la seconde tranche, soit huit UHSA.
La CGLPL Adeline Hazan regrette l'absence de coordination entre les UHSA et les autres structures de soins en prison. Elle pointe aussi une rupture des droits à l'hôpital. « Les patients ne sont pas informés sur la durée de leur séjour ; la préparation du projet de sortie est interrompue, comme les activités », observe-t-elle. Elle admet néanmoins que les hospitalisations dans les hôpitaux de proximité (en l'absence d'UHSA) se déroulent dans des conditions « indignes » avec trop d'isolement et de contention.
Hospitalisation consentie
Selon le Dr David Touitou, psychiatre intervenant au Pôle SMPR-UHSA de la prison de Fresnes, les UHSA permettent justement de sortir du cercle vicieux des hospitalisations mal calibrées, exclusivement sous contrainte, défaillantes dans l'accueil et la cohérence des soins. Elles apportent une réponse aux plus fragiles, qui, en détention, se retrouvent dans les quartiers disciplinaires, arrêtent leur traitement par peur de la stigmatisation, subissent de plein fouet l'effet pathogène de la prison et sont deux fois plus victimes de violence. « Les malades vulnérables ont des difficultés à s'adapter, cela enracine des épisodes aigus », explique le Dr Touitou.
Les UHSA, qui accueillent aussi des patients en soins libres, présentent à ses yeux plusieurs avantages : séjour de 45 à 60 jours, personnel expérimenté et pluridisciplinaire, surveillance des effets secondaires des traitements, groupes d'éducation thérapeutique, lien avec la famille, les addictologues, travail sur l'aménagement de peine avec l'administration pénitentiaire… Un écueil cependant :cette offre rend les magistrats « moins réticents à incarcérer des personnes fragiles », reconnaît le Dr Touitou.
Inégalitaire ?
Concernant l'accès à ces structures sur le territoire, le Dr Michel David, président de l'ASPMP, juge le dispositif très « inégalitaire ». « 17 UHSA, 700 lits pour 70 000 personnes ! A-t-on besoin de ces structures qui coûtent cher pour si peu de personnes ? » s'interroge-t-il. Ce dernier plaide plutôt pour le développement des unités de soins intensifs psychiatriques, la réaffirmation du secteur et une meilleure articulation entre la prison et le milieu ouvert.
Derrière la controverse sur les UHSA se pose la question de la place des malades en prison. L'ex CGLPL Jean-Marie Delarue clôt ainsi le colloque en proposant qu'un examen médical préalable des futurs détenus évalue la compatibilité de leur état de santé avec la détention, a fortiori quand aucune suspension de peine pour motif psychiatrique n'a jamais été prononcée.
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols