Nichée au-dessus d’une église, dans ce qui fut autrefois l’hôpital Saint Thomas, au cœur de Londres, cette salle est tombée dans l’oubli lorsque l’hôpital a déménagé. Elle a été redécouverte en l’état en 1956 et le lieu a été transformé en musée il y a 60 ans.
Pour accéder à la plus vieille salle d’opération d’Europe, il faut monter un escalier en colimaçon de 52 marches. Ce bloc se trouve dans le grenier d’une église qui était implantée au sein de l’ancien hôpital de Saint Thomas, au cœur de Londres. « À l’époque, il y avait une sorte d’approche holistique de la médecine, il fallait prendre soin des âmes en même temps que des corps, souligne Monica Walker, responsable au sein du musée. L’église locale au milieu de l’hôpital était quelque chose de tout à fait normal. »
Ce grenier est constitué d’un grand plafond aux magnifiques poutres de bois sombre. Pendant une centaine d’années, il était utilisé comme herboristerie. C’est en 1822, quand le département des femmes de l’hôpital a eu besoin d’un bloc opératoire, que le lieu a été transformé.
Redécouvert en 1956, après être tombé dans l’oubli quand l’hôpital à déménager en 1860, le grenier est devenu un musée appelé l’Old Operating Theatre Museum and Harb Garret en 1962. La structure présente les deux facettes de l’histoire de ce lieu. « Dès qu’on entre dans le grenier, on trouve en exposition un petit laboratoire de chimie du début du XIXe siècle avec une petite chaise et un bureau, poursuit Monica Walker. Il y a aussi quelques flasques en verre, des ustensiles d’herboristerie. Le tout expose plus ou moins à quoi cela ressemblait de fabriquer des médicaments à cette période. »
150 observateurs
La salle d’opération se trouve quant à elle en contrebas de cette première salle. Elle est constituée d’un hémicycle en bois composé de cinq rangs. « Si vous êtes chirurgien, un ami du chirurgien ou l’un des apprentis du chirurgien, alors vous pouviez aller au premier rang, explique Monica Walker. Votre placement dépendait de votre niveau hiérarchique. Il pouvait y avoir entre 120 à 150 personnes en observations dans cette salle, alors qu’aujourd’hui, pour des raisons de sûreté, l’ensemble du musée ne peut contenir que 60 personnes… »
À l’entrée du bloc, se trouve un bassinet, mais le chirurgien s’en servait plus après l’opération qu’avant, histoire de se débarrasser des traces de sang. « Les ustensiles étaient utilisés d’un patient à l’autre sans être lavés. Les blouses n’étaient pas lavées non plus car, plus il y avait de sang et plus c’était un signe que le chirurgien avait travaillé et qu’il était doué ! » À l’époque, il n’y avait pas non plus d’antiseptique et les patients venaient surtout à mourir à cause des infections plus que du fait des opérations elles-mêmes.
Mastectomie
« Les chirurgiens savaient ce qu’ils faisaient et ils étaient vraiment bons, précise toutefois Monica Walker. Les meilleurs chirurgiens pouvaient réaliser une procédure en deux minutes. »
Trois principales opérations étaient réalisées à l’époque : la lithotomie, qui concernait les hommes plus que les femmes, la trépanation et les amputations. « Des mastectomies étaient aussi réalisées à l’époque victorienne contre les cancers du sein », précise la responsable.
À l’occasion du bicentenaire, le musée propose des événements pour expliquer le fonctionnement de la médecine et de la chirurgie à cette époque. Certains d’entre eux sont accessibles en ligne et depuis l’étranger.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes