Agnès Verdier-Molinié ne manque pas d'idées. La directrice de la Fondation iFRAP, think tank libéral qui étudie l’efficacité des politiques publiques, estime que le prochain chef de l'État n'aura que l'embarras du choix pour réaliser des économies dans le système de santé.
Selon l'essayiste, auteur d'un nouvel ouvrage « Ce que doit faire le prochain président », aux éditions Albin Michel (304 pages, 20 euros), « le sujet numéro un en santé est d'apporter une liberté de choix ». « Il faut s'inspirer de ce qui marche à l'étranger », a-t-elle plaidé ce mercredi, lors d'un échange organisé à Paris par Nile Consultants.
Sans surprise, la quarantenaire a développé son credo : dégraisser le « mammouth » de l’État, réduire les dispendieux frais de gestion de la Sécu et des complémentaires et déréguler un système beaucoup trop rigide à son goût.
Les cibles de l'iFRAP
Il serait ainsi possible, selon elle, de réduire de 800 millions d'euros (au minimum) les divers coûts de gestion évalués chaque année à 14 milliards d'euros pour les caisses d'assurance-maladie obligatoires et complémentaires. « La Suisse a pris l'engagement d'abaisser à 4 % les coûts de gestion de ses 60 caisses pour apporter le meilleur service, affirme Agnès Verdier-Molinié. L'Allemagne et les Pays-Bas ont mis en concurrence leurs caisses. »
L'idée d'une Sécurité sociale universelle préconisée par Didier Tabuteau et Martin Hirsch, n'est vraiment pas sa tasse de thé. « Un seul système confié à la CNAM, je n'y crois pas un instant, l'assurance-maladie est fermée à l'innovation », tranche-t-elle.
En matière de gouvernance, la directrice de l'IFRAP regrette « l'immobilisme français », symbolisé par le ménage à trois formé par l'État, l'assurance-maladie et les complémentaires : « Personne ne phosphore pour que cela marche mieux. »
L'hôpital dans le collimateur
L'hôpital public est également dans la ligne de mire de la patronne du think tank. Elle déplore que les candidats ne touchent pas au statut d'agent de la fonction publique, sacro-saint « tabou ». « Avec cette gestion désincarnée, on court le risque d'assister à une hémorragie des meilleurs chirurgiens des hôpitaux publics. Cela pose la question de la rémunération des meilleurs. Au XXIe siècle, prétendre que tout le monde doit être payé la même chose est daté. »
Elle pointe également le « fort » absentéisme supérieur à 30 jours par agent et par an, dans certains établissements publics. « Il y a des choses à faire pour améliorer la situation mais il est aujourd'hui impossible de mettre en place des primes de présentéisme », s'insurge Agnès Verdié-Molinier. Elle regrette la suppression « par idéologie » du jour de carence mis en place par la droite, convaincue qu'il faut « lutter contre les arrêts courts et répétitifs ».
Pour l'assurance au comportement
L'essayiste estime par ailleurs qu'un important gisement d'économies existe en matière de transports sanitaires (800 millions d'euros). Autre regret : la France n'investit pas assez dans les programmes de prévention. Agnès Verdié-Molinier se dit favorable aux assurances au comportement permettant aux patients de régler une prime variable selon leurs conditions de vie (alimentation, pratique sportive). « En fermant la porte à ces projets, on se prive de beaucoup d'innovations », assène-t-elle.
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