Le Dr Irène Frachon a souhaité replacer dans leur contexte les propos qui ont été échangés lors d'une rencontre avec Jean-Luc Mélenchon et dont lequotidiendumedecin.fr s'est fait l'écho ici.
Voici le texte qu'elle nous a fait parvenir (mis à jour le 15/04 à 12h00) :
Je souhaite apporter des précisions à l’article publié dans « le Quotidien du Médecin » qui laisse entendre des attaques outrancières de ma part contre l’ensemble de mes confrères spécialistes, propos qui pourraient aussi laisser croire à un soutien explicite à la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
Ainsi que je l’ai expressément dit à Jean-Luc Mélenchon qui souhaitait m’entendre sur l’affaire du Mediator (exposé qui occupe 95 % de mon temps d’audition), mon positionnement est celui du témoignage d’un médecin et citoyen, témoin d’un crime industriel hors norme et qui s’est toujours rendu disponible pour répondre aux interrogations suscitées par ce drame et ses conséquences mais sans valeur d’engagement partisan. J’ai été amenée ainsi, et sans changer de posture, à échanger et témoigner avec des personnalités politiques aussi variées que François Bayrou, Daniel Cohn-Bendit, François Hollande, Xavier Bertrand, Emmanuel Macron pour n’en citer que quelques-uns, et ceci depuis des années, ainsi que devant des institutions comme le CNOM, devant des représentants du LEEM, devant des corporations étudiantes, voire lors de manifestations à connotation plus politique souhaitant entendre des expériences vécues par des citoyens « de terrain », non engagés dans un parti politique, ce qui est mon cas. Depuis quelques semaines, certains me proposent comme ministre d’un gouvernement imaginaire, d’autres me présentent comme prétendu soutien inconditionnel de tel ou tel candidat. En cette période pré-électorale capitale, secouée par des passions partisanes encourageant toutes les tentations d’instrumentalisation notamment de lanceurs d’alerte, tels que l’on me définit aujourd’hui, je tiens à redire avec force qu’il n’est pas dans mon rôle de soutenir un candidat à l’élection présidentielle qui s’annonce. Si certains candidats relaient des messages importants, visant à l’amélioration de la sécurité sanitaire et tirant les conséquences d’un tel événement, je soutiens bien évidemment ces propositions, à l’exclusion de toute adhésion à un programme politique global qui n’entre pas, par définition, dans mon champ d’engagement public. S’il y a bien des personnes pour qui je roule, ce sont les victimes du Mediator !...
Je souligne, du reste, très explicitement cette démarche dans une interview donnée au « Télégramme » le 17 mars 2017, où j’évoque (entre autres) cette sollicitation de Jean-Luc Mélenchon.
Les propos qui heurtent mes confrères concernent le reproche adressé à certains spécialistes d’exercer dans un but trop mercantile dans le suivi de maladies chroniques. S’il est exact que je pense que ce suivi devrait reposer plus souvent sur le médecin généraliste avec interventions ponctuelles et ciblées du spécialiste, qu’il s’agisse d’un exercice libéral ou hospitalier s’agissant de maladies « courantes », sans valeur ajoutée d’un suivi spécialiste systématique, ces propos, certainement maladroits ou inutilement provocants, sont aussi influencés par mon expérience dans le suivi de patients victimes du Mediator. J’ai de nombreux témoignages de patients, souffrant de valvulopathies cardiaques, qui étaient très (trop ?) régulièrement suivis par des confrères cardiologues. Or il se trouve que les portes de certains de ces cabinets médicaux se sont parfois brutalement fermées lorsque la responsabilité du Mediator a été évoquée.
Ce comportement choquant m’a conduite à porter un regard critique, certainement excessif dans un contexte tendu, sur la pertinence voire la motivation de certains confrères, voire de certains étudiants en médecine. Mais ces propos injustes n’avaient pas leur place ici ou ailleurs. Je regrette que ces phrases, dictées certainement sous le coup des difficultés rencontrées, puissent laisser croire que je critique l'ensemble des spécialistes, ce qui n’était pas mon intention et présente mes excuses auprès de ceux qui en seraient justement blessés.
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