Alors que les alertes sur la dégradation de la santé mentale des Français se multiplient, la Mutualité française (FNMF), la Fédération française de l’assurance (FFA) et les institutions de prévoyance (CTIP) ont annoncé lundi une prise en charge encadrée de consultations de psychologues.
Les trois fédérations ont décidé de généraliser le remboursement « dès le premier euro » des psychologues libéraux, « sur orientation médicale ». « Un minimum de quatre séances par année pourra être pris en charge dans une limite de 60 euros par séance », précise pour sa part la Mutualité. Cette prise en charge durera le temps de la crise sanitaire mais pourrait être pérennisée les années suivantes, précise-t-on à la FNMF.
Les assureurs se sont engagés de leur côté à rembourser « jusqu’à quatre consultations » par an. Les institutions de prévoyance, très présents dans les contrats d’entreprise, promettent de leur côté de « renforcer leur dispositif de prise en charge des consultations de psychologues », sans fixer à ce stade de limite annuelle.
Les trois fédérations ont entamé des discussions avec les professionnels de santé concernés (syndicats de médecins et de psychologues).
Clarifications exigées
Contactés par « Le Quotidien », les syndicats de psychiatres libéraux se montrent réservés. « On se demande de quelle manière ces psychothérapies en quatre séances peuvent aboutir à des soins de qualité. Que se passe-t-il après ? », réagit le Dr Michel Jurus, président du Syndicat national des psychiatres privés (SNPP).
Et de faire valoir aussi que l’acte de référence du psychiatre (CNPSY et majorations, soit 46,70 euros) associe, lui, évaluation médicale et psychothérapie. « Cela amène donc logiquement l’acte du psychiatre à 100 euros ! Nous prenons acte de la concurrence syndicale des assureurs privés qui vont plus loin que nous dans nos revendications », ironise le Dr Jurus, qui réclame une revalorisation du CNPSY.
« Il faut faire attention où l’on met les pieds, alerte aussi le Dr Maurice Bensoussan, président du Syndicat des psychiatres français (SPF). À qui cela s’applique-t-il ? Pour quels troubles ? Il est essentiel de savoir ce qu’on l’on fait, pour ne pas mener les patients dans une impasse. L’important ce sont les parcours et leur gradation. La santé ne doit pas devenir un commerce. »
Expérimentation parallèle
Les consultations de psychologues libéraux – dont le prix varie généralement entre 50 et 70 euros – ne sont pas remboursées par le régime obligatoire, hormis dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan) où une expérimentation est mise en place depuis deux ans.
Dans ces territoires pilotes, le dispositif permet aux patients de 18 à 60 ans ayant des troubles de santé mentale légers à modérés de se faire rembourser dix séances de psychothérapie (avec une séance d’évaluation préalable), sur prescription de leur médecin traitant. Dans son rapport rendu en février, la Cour des comptes recommandait d’étendre « dès que possible » cette prise en charge.
Près des deux tiers des 18/25 ans constatent « des conséquences négatives sur leur santé mentale » depuis la crise sanitaire, selon un sondage réalisé en janvier par Ipsos pour FondaMental, un réseau de chercheurs sur les maladies psychiatriques. Et près d’un jeune sur trois (32 %) déclare être personnellement concerné par au moins un des troubles tels que la dépression, l’anorexie, les troubles obsessionnels compulsifs, les phobies ou les troubles anxieux.
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