Editorial

Philippe le Hardi

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Publié le 15/02/2018
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Pour Agnès Buzyn, est-ce un concurrent ou un allié ? À ce stade du quinquennat, c’est encore un peu tôt pour le dire. Même si, s’agissant de l’obligation de vaccination ou de la hausse des prix du tabac, le Premier ministre a plutôt semblé ces derniers mois marcher dans les pas de sa ministre de la Santé… Tout en piétinant au passage ses plates-bandes en lui volant un peu la vedette… Sur la politique de santé, Edouard Philippe paraît en effet bien décidé à imprimer sa marque. Peut-être parce que le président, d’ordinaire assez jaloux de ses prérogatives, lui en laisse le champ. Le chef du gouvernement l’a signifié dès sa prise de fonction à Matignon, prononçant au début de l’été devant les députés un discours de politique générale truffé d’annonces concernant le système de soins. À la rentrée, toujours lui, sur le terrain cette fois, à Châlus en Haute-Vienne : il s'était déplacé pour égrener les mesures du plan « déserts médicaux ». Avec un objectif ambitieux : remédicaliser les campagnes. Le même est donc venu mardi matin à Eaubonne donner le « la » du lancement d’un vaste plan de transformation du système de soins. « Le temps des rafistolages est révolu », assène, volontaire, le locataire de Matignon, qu’aucun tabou ne paraît devoir arrêter. La concertation durera trois mois, mais tout pourra être remis en cause : du sacro-saint numerus clausus au traditionnel paiement à l’acte en ville, sans oublier l’omniprésente T2A dans les hôpitaux et jusqu’à l’existence même de certains établissements… Sur ces dossiers chauds bouillants, Edouard Philippe se place en première ligne. Audacieux, mais risqué.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9640