Pour l’avenir des CHU, l’Académie de médecine apporte sa pierre

Publié le 23/02/2009
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LE CHOIX du calendrier ne tient sans doute pas du hasard. En plein débat sur la loi HPST et à un mois des conclusions de la commission Marescaux, l’Académie nationale de médecine prend position sur la réforme des CHU.

L’idée est d’alimenter les échanges, que d’aucuns disent verrouillés par l’Élysée, sur l’avenir des 31 hôpitaux universitaires. Résultat : six pages de recommandations, partisanes de la méthode douce. «  L’originalité du CHU tient à sa triple mission de soins, d’enseignement et de recherche. Elle doit être préservée  », posent en préambule les Académiciens. Qui proposent de rebaptiser le CHU « Centre hospitalier régional d’enseignement et d’innovation ».

Côté soin, l’Académie considère que le CHU doit conserver son activité de proximité, outre ses activités de recours, de référence et d’innovation. Côté enseignement, pas question de se détourner de la formation initiale des médecins, «  une priorité  » aux yeux de l’Académie, pour qui le CHU doit aussi organiser la formation des médecins généralistes «  en s’appuyant sur les maisons médicales  ». Côté recherche, enfin, l’Académie nationale de médecine liste sept modifications pour rétablir l’attractivité des CHU - notamment la formation à la recherche, tôt dans le cursus, des étudiants en médecine, et la facilitation des détachements de médecins hospitalo-universitaires dans des unités de recherche labellisées.

L’Académie de médecine, une fois ces bases jetées, propose une nouvelle gouvernance des CHU. Avec un doyen présent automatiquement dans le directoire, et le maintien du service hospitalier en tant que «  module de base de l’organisation médicale  ». Marche arrière toute : «  Le chef de service doit retrouver une autorité sur l’ensemble des personnels médicaux et non médicaux, y compris les étudiants  », écrivent les Académiciens. Le chef de pôle, lui, doit gérer directement les budgets.

Cet ensemble de mesures ne saurait redynamiser les CHU sans médecins en nombre suffisant. Et c’est sans doute au chapitre statutaire que l’Académie se montre la plus revendicative. La plus conservatrice aussi. Pas question, est-il expliqué, de toucher au statut de bi-appartenant temps plein (PU-PH et MCU-PH), pas plus qu’à l’activité libérale des médecins hospitaliers. Sans cette double «  motivation  », les CHU se videront de leurs spécialistes, estime l’Académie. Pas question non plus de se priver de la manne des médecins libéraux : leur introduction à l’hôpital «  sur des contrats de droit privé constitue une bonne façon de rapprocher la ville de l’hôpital  », à condition de respecter «  la logique financière  ». Autrement dit, l’opération ne devra pas trop coûter.

Le débat ne manquera pas de rebondir fin février, lorsque la commission Marescaux remettra à Nicolas Sarkozy ses premières préconisations pour réformer la recherche et l’enseignement dans les CHU - le rapport définitif est annoncé fin mars. Au printemps, les sénateurs auront alors toutes les cartes en main pour se saisir de la question, en amendant le projet de loi HPST. Mais le tour des députés sera passé, eux qui ont eu pour consigne, la semaine dernière, de ne pas évoquer les spécificités des CHU. Ce qui a provoqué la colère de l’opposition.

 D.CH.

Source : lequotidiendumedecin.fr