Après plus d'un an d'une pandémie qui a durement mis à l'épreuve la santé mentale des Français, les Assises promises par Emmanuel Macron en début d'année seront-elles à la hauteur des attentes et des enjeux ? Patients et professionnels de santé veulent croire qu'il ne s'agira pas d'un rendez-vous manqué.
L'exécutif a choisi un large mode contributif pour éviter que la réforme ne soit confisquée par les experts. Ces Assises de la santé mentale et de la psychiatrie – qui s'articuleront autour de deux journées de tables rondes au début de l'été – sont ainsi précédées d'une « grande consultation nationale », sous forme de questionnaires en ligne. Lancée sur le site du ministère de la Santé et clôturée le 31 mai, cette enquête promet de « faire remonter les besoins » et les attentes aussi bien du grand public que des professionnels du champ de la santé mentale et de la psychiatrie – psychiatres, infirmiers, généralistes, psychologues, éducateurs spécialisés, assistantes sociales, etc.).
« Preuves d'amour »
Sur plus de 5 000 participations, quelque 3 000 professionnels de santé avaient déjà répondu, en fin de semaine dernière. Et l'exercice tourne au cahier de doléances : les soignants peuvent indiquer s'ils attendent davantage de moyens humains ou/et financiers, une meilleure reconnaissance de leur métier, préciser leurs priorités en matière d'amélioration de la prise en charge et de prévention et toute thématique jugée incontournable. Les résultats nourriront les débats en amont des Assises et les « solutions » pour l'avenir du secteur.
Président de la commission nationale de la psychiatrie, et chef de service à Bichat (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), le Pr Michel Lejoyeux cite déjà plusieurs axes forts comme « le soin courant et le vécu quotidien dans les services car la psychiatrie est une spécialité innovante, l’équilibre entre soignants et soignés ou entre soignants et chercheurs ». Et il souhaite que des mesures concrètes suivent. « L’objectif est que la discipline reçoive des preuves d’amour et que cela débouche sur des actions. Nous avons besoin de reconnaissance et les Assises ne peuvent se suffire à elles-mêmes », plaide le Pr Lejoyeux. Pour le psychiatre hospitalier, les décisions du gouvernement devront « matcher le plus possible avec les attentes du terrain ». « Nous attendons des avancées à court terme pour améliorer le quotidien des professionnels et notamment l’attractivité, et des mesures à plus long terme sur l’organisation de la santé mentale et de la psychiatrie », précise-t-il. Neuf thématiques « prioritaires » ont déjà été identifiées (encadré).
Après le chèque psy, le forfait psy…
Les usagers de leur côté – représentés par la Fédération nationale des patients en psychiatrie (FNAPSY) – escomptent davantage de prévention au bénéfice notamment des enfants et des adolescents et une « déstigmatisation » des personnes souffrant de troubles mentaux ou psychiatriques.
Sans préciser quelle(s) forme(s) prendra l'issue de ce brainstorming (livre blanc, textes législatifs ou réglementaires, mesures financières) le ministère assure que des mesures opérationnelles suivront – certaines immédiates, d'autres étalées dans le temps.
Ces Assises ponctuent d'autres initiatives gouvernementales annoncées en faveur de la santé mentale des publics les plus vulnérables, à l'instar du chèque psy pour les étudiants et du forfait psy de dix séances prépayées pour les enfants et les ados.
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