Le groupe Philips, qui a dû rappeler de nombreux appareils respiratoires à cause de potentiels risques pour la santé, reste muet face aux interrogations des patients concernés, a regretté ce mercredi 8 juin l'un de leurs représentants. « Philips est resté absolument sourd et muet », a déclaré Christian Trouchot, représentant les principales associations de patients lors d'une journée d'audition à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sur cette affaire des respirateurs.
Le groupe néerlandais a annoncé l'été dernier qu'il rappelait dans le monde plusieurs modèles d'appareils destinés à aider les patients à mieux respirer, notamment ceux atteints d'apnée du sommeil. Ces appareils, utilisés par quelque 350 000 patients en France et 1,5 million dans toute l'Europe, contiennent une mousse insonorisante. C'est celle-ci qui est en cause : le groupe a remarqué que des particules sortaient de certains appareils et pouvaient donc être inhalées voire ingérées par le patient.
Cette mousse peut provoquer des irritations, comme des maux de tête, mais le groupe avait aussi évoqué un risque « potentiel » de cancers à long terme. Or, depuis ces annonces, Philips tarde à remplacer les appareils défectueux. Les autorités sanitaires françaises ont exigé que trois quarts d'entre eux soient remplacés ou réparés d'ici à la mi-2022, un taux qui ne sera probablement pas atteint.
Outre-Atlantique, le rappel à mener « prend davantage de temps » que ne le souhaiterait l'Agence américaine du médicament (FDA), dont un représentant a aussi été entendu par l'ANSM. Elle envisage de demander à Philips un plan de réparation, de remplacement ou de remboursement des appareils fabriqués après novembre 2015.
Le marteau et l'enclume
Dans ce contexte, les patients sont tiraillés entre les risques - incertains - représentés par leur respirateur et ceux - connus - de mettre en danger leur santé en cessant de l'utiliser. Ils n'ont guère obtenu de réponses de Philips, selon Christian Trouchot. « Les réponses de Philips furent soit évasives, soit simplement inexistantes », a-t-il déclaré. Les patients sont « entre le marteau et l'enclume, le marteau étant la pathologie du patient, l'enclume étant sa machine », a-t-il conclu.
Également interrogés par l'ANSM, les représentants de Philips ont mis l'accent sur le fait que cette campagne de rappel avait été engagée par pure précaution et suivie par des tests plus approfondis pour savoir à quel point ces appareils dégagent des particules potentiellement menaçantes. « Ces tests prennent vraiment un temps énorme », a expliqué John Cronin, responsable médical des appareils respiratoires chez Philips, appelant les patients à ne prendre aucune décision sans en discuter avec leur médecin.
L'ANSM avait précédemment évoqué les risques liés à l'apnée du sommeil (somnolence accidentogène, surrisque cardiovasculaire, aggravation de l'insuffisance respiratoire). Après ces auditions, son comité d'experts doit rendre un avis dans les semaines à venir.
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