Les internes (ISNAR-IMG et ISNI) et les carabins (ANEMF) veulent peser dans les discussions du « Ségur de la santé », nouvelle séquence hospitalière qui s'ouvre le 25 mai à Paris. Ils demandent une place autour de la table des négociations pour réclamer une revalorisation des salaires et des gardes.
Annoncé par le président Emmanuel Macron mi-mai, ce nouveau plan du nom de l'avenue où est implanté le ministère de la Santé sera présenté mi-juillet et traduit dans le prochain budget de la Sécurité sociale. Olivier Véran, ministre de la Santé, a donné le cap : augmentation de salaires pour les personnels hospitaliers, « au-delà des primes » déjà accordées pour récompenser leurs efforts face à l'épidémie.
À l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), les revendications sont claires : revalorisation de la rémunération des étudiants hospitaliers à hauteur de 390 euros net par mois (hors garde) et sanctions des établissements qui ne respectent pas le temps de travail et le droit des étudiants hospitaliers. Actuellement les carabins gagnent en stage 1 545 euros brut par an en 4e année, 2 998 euros brut par an en 5e année et 3 350 euros brut par an en 6e année.
L'ANEMF calcule un salaire moyen par heure équivalent à 1,29 euro brut de l'heure, « trois fois moins que les autres étudiants stagiaires de l'enseignement supérieur », rappelle-t-elle. La revalorisation des salaires a déjà été promise par Agnès Buzyn, ex-ministre de la Santé et Olivier Véran, l'ANEMF souhaite maintenant s'assurer qu'elle soit gravée dans le marbre du « Ségur de la Santé ». « Notre mobilisation durant ces deux derniers mois de crise sanitaire n’a fait que remettre en lumière auprès de l’ensemble de la population notre investissement, mais aussi notre précarité : la sécurisation et la revalorisation conséquente du statut de l’étudiant hospitalier sont désormais urgentes ! », note Roxane Hellandsjö-prost, présidente de la structure qui vient d'envoyer une lettre ouverte à Olivier Véran.
Une place pour la médecine de ville
Dans la même veine, l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) veut aussi une revalorisation du salaire de base ainsi que des gardes. « Les primes, c'est bien et nécessaire, mais il faut une avancée significative maintenant, abonde Matthieu Thomazo, porte-parole du syndicat, sans avancée de montant. Cette crise montre une nouvelle fois que les internes sont incontournables dans le système de santé. Il n'est pas question d'aborder un plan sans eux. » Actuellement, le salaire de base d'un interne (hors garde, prime de responsabilité, indemnités de sujétion) se situe entre 16 704 euros brut par an en première année à 25 653 euros brut par an en 5e année.
Les discussions devront aussi largement intégrer la médecine de ville. « Ça doit être le “Ségur de la santé” et non de l'hôpital, prévient-il. On veut y apporter notre voix car nous sommes les médecins du système de santé de demain. »
À l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI), les demandes portent également sur la rétribution. Le syndicat souhaite une revalorisation des gardes. Un pas en avant a été fait lors des annonces concernant la prime des soignants, les jeunes ont obtenu temporairement une revalorisation à hauteur de 180 euros brut (contre 119 euros habituellement) au-delà d'une garde par semaine. L'arrêté cadrant les modalités est toujours attendu. Ce geste concerne également les chefs de clinique, les assistants hospitalo-universitaires et les PH. Les internes veulent pérenniser cette revalorisation.
Ils réclament également l'amélioration du statut d'interne vers un statut plus protecteur avec le décompte plus précis du temps de travail en heures, la surveillance de la charge horaire de travail et la lutte contre les risques psychosociaux. Leur dernière enquête montre que les jeunes médecins travaillent 58,4 heures par semaine (en dehors de la crise) contre 48 heures dans la réglementation. Une assemblée générale du bureau est prévue le 21 mai pour définir les priorités et préciser les revendications.
Le CCNE invite la médecine à prendre ses responsabilités face aux vulnérabilités qu’elle crée
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme