Le ministre de la Santé a fait sa rentrée politico-médiatique dans le « Journal du Dimanche » du 23 août en mettant à plat les forces en présence pour contrer l'épidémie de Covid-19, dont la reprise estivale n'augure rien de bon à l'approche des maladies virales hivernales.
Fortement secoués ce printemps au plus fort de la crise sanitaire, les hôpitaux sont désormais « capables d'accueillir jusqu'à 29 000 malades en réanimation » (en cumulé) en étant équipé « de médicaments, de respirateurs et de matériel de protection », a annoncé Olivier Véran. « On avait eu au total 17 000 passages en réanimation lors de la vague épidémique du printemps. Au maximum de l'épidémie, on a eu 7 000 personnes en réanimation en une journée ; aujourd'hui, on peut en avoir 12 000. Les stocks de médicaments se constituent progressivement, mais nous avons déjà des semaines d'avance », a-t-il détaillé.
Si Olivier Véran a réfuté l'idée d'une « deuxième vague », il admet que « nous sommes dans une situation à risques ».
Interrogé sur la stratégie de dépistage déployée par le gouvernement - défaillante pour les généralistes –, le ministre a reconnu que « le travail que nécessite le contact tracing [se mettre en relation avec les personnes en contact d'un patient diagnostiqué positif, NDLR] allonge les délais ». « Nous travaillons pour que l'Assurance-maladie, les agences régionales de santé et les médecins libéraux s'organisent encore mieux pour répondre à la demande », a indiqué Olivier Véran sans plus de précisions. Concernant l'accès aux tests, que d'aucuns trouvent bien trop long, « nous faisons en sorte que les personnes symptomatiques, les cas contact rapprochés, les publics fragiles et les soignants aient un accès prioritaire. La longueur des délais était due à un manque de ressources humaines. J'ai donc autorisé les étudiants en santé, les aides-soignants, les secouristes à faire des prélèvements », a-t-il ajouté. Cette mesure est entrée en vigueur le 25 juillet.
L'arrivée de la grippe dans ce contexte inquiète une partie de la communauté médicale, relate enfin le « JDD ». « Les symptômes de la grippe vont se confondre avec ceux du Covid, voire s'additionner », confirme Olivier Véran. Pour répondre à cette problématique, « il faudra augmenter le taux de couverture vaccinale contre la grippe notamment pour les publics fragiles et les soignants ». « J'ai déjà commandé 13 millions de doses. C'est plus que ce que nous avons utilisé les années précédentes », a-t-il ajouté.
« Déclarations martiales et autosatisfaites »
L'entretien du « JDD » a fait réagir le collectif inter-hôpitaux (CIH), qui analyse la projection du ministre sur les capacités d'accueil en réanimation et surtout son impact sur les autres services. « La mutualisation des lits de réanimation, soins intensifs et surveillance continue pour parvenir à 12 000 lits, nécessite d’avoir des infirmières et aides soignantes de réanimation supplémentaires, ce d’autant que les soins pour les malades infectés par le Covid-19 sont particulièrement lourds », détaille le CIH, agacé par ce qui ressemble à ses yeux à des « déclarations martiales et autosatisfaites ». Rappelant que « l'hôpital n’a pas fait face à la vague Covid de mars à mai sans dégâts », le CIH « s'inquiète » pour la suite. « La fatigue et le retour à l’anormal post-Covid – postes non pourvus, ratio de personnel inadéquat, modification de planning incessant, manque de lits – risquent de freiner l’engagement et l’effort qui avaient permis de surmonter la première vague », déplore-t-il. Selon lui, « il n’y a pas de signaux indiquant que le Ségur de la santé ait déclenché le choc d’attractivité espéré ».
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie