A mesure qu'Emmanuel Macron tisse sa toile, l'énigme que représente sa démarche se complique. Le ministre de l'Économie a gardé des fonctions (dont d'autres l'auraient privé depuis longtemps) et se lance dans ce qui ressemble bien à une campagne où M. Macron ne cherche plus à offrir une politique économique plus ardente et plus libérale, mais s'inscrit dans un faisceau de convictions politiques, de références historiques et d'idées dynamiques. Il n'est plus le technicien docile chargé de dépoussiérer le credo passéiste de la gauche, il est l'homme jeune, le cerveau bouillonnant de promesses, le politique complet qui peut dire à la fois comment on crée des emplois et pourquoi l'image de Jeanne d'Arc à une importance nationale dont il est intolérable que le Front national fasse son exclusive propriété. Dès lors, son programme ne se limite pas à une procédure de remise au travail des chômeurs, il a toutes les dimensions de celui d'un candidat, politiques, institutionnelles, sociales.
Un comble d'insolence
Dans ces conditions, de qui fait-il le jeu ? Se peut-il qu'il serve encore les intérêts de François Hollande quand il affirme qu'il n'est pas son obligé, ce qui est un comble d'insolence ? N'est-il pas en train de préparer son avenir imédiat, indépendamment de ce qui arrivera au président de la République, qu'il puisse ou non se présenter à un second mandat ? Ne met-il pas au point une sorte de plan pour toutes les hypothèses, que la place soit libre et donc disputée, l'année prochaine, ou qu'une candidature Hollande lui interdise de tenter sa chance en 2017, ce qui ne l'aura pas empêché de se roder pour 2022 ? On ne peut pas assister à l'essor si singulier de M. Macron sans imaginer les pensées qui habitent le Premier ministre. Voilà que, tout à coup, cet homme décidé, fort et quelque peu autoritaire trouve, dans son camp, plus jeune que lui, plus audacieux que lui, plus libéral que lui, plus Valls que lui. Qu'est-ce que cet univers qui produit des bébés candidats, des personnages à peine sortis de l'université mais encore plus brillants que leurs aînés, alors que le pays exsangue réclame que tout talent disponible soit mis au service de la thérapeutique sociale ?
Le chef de l'État doit penser que l'éclat personnel de M. Macron ne ternit pas la luminosité de sa fonction présidentielle, sinon pourquoi le garderait-il à ses côtés et pourquoi ne cèderait-il pas au vif désir du Premier ministre de rappeler à ses devoirs le ministre de l'Économie ? D'autant que la débandade de la gauche fait renaître toutes les ambitions. Voilà maintenant qu'Arnaud Montebourg se rappelle à notre bon souvenir et qu'il se présente de nouveau comme l'alternative qu'il n'a jamais cessé d'être pendant son exil dans le big business. M. Macron l'a remplacé naguère, il est prêt à le bousculer en briguant non sa place actuelle mais celle à laquelle semble aspirer le ministre de l'Économie.
On n'est pas seulement dans un conflit de tendances qui lessive le socialisme français, on est dans un jeu de chaises musicales où les participants s'amusent à s'asseoir dans le siège de l'autre jusqu'au moment où la musique cessera et où se figera la séquence. De partout fusent des analyses qui insistent sur les divisions de la droite. Mais dans la gauche en déroute, on ne compte aucun vaincu. M. Hollande espère bien s'accrocher à sa présidence même si tout lui dit qu'il ne sert à rien qu'il s'y cramponne. M. Valls, qui devait logiquement envisager de lui succéder, est pris à revers par M. Macron. Lequel est concurrencé par celui auquel il a succédé idéologiquement et administrativement. Drôle de façon d'écrire l'histoire.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes