Lancement d’une association des Amis de l’Hôpital de Dakar

Assurer l’avenir d’un centre africain de référence

Publié le 17/09/2009
Article réservé aux abonnés
1276103218F_600x_85053_IMG_18763_1253245650538.jpg

1276103218F_600x_85053_IMG_18763_1253245650538.jpg
Crédit photo : DR

1276103219F_600x_85122_IMG_18778_1253245652007.jpg

1276103219F_600x_85122_IMG_18778_1253245652007.jpg
Crédit photo : DR

FRANÇAIS à sa création, en 1880, sénégalais depuis l’indépendance, en 1960, militaire depuis 2000, l’Hôpital principal de Dakar garde une tradition vivace de coopération internationale. Une spécificité qui fait de lui « le dernier établissement biculturel d’Afrique », comme le souligne le médecin général Francis Klotz, agrégé du Val-de-Grâce, son ex-directeur, qui lui a consacré une grande partie de sa carrière. « Aujourd’hui, explique-t-il, la direction est sénégalaise, à la tête d’un personnel qualifié de 1 200 nationaux, avec neuf services dont les patrons, eux-mêmes sénégalais, sont tous des agrégés du Val-de-Grâce. Les Français encore présents ne forment plus qu’un petit noyau de neuf cadres : un gestionnaire, le pharmacien-chef, un conseiller de direction, le chef de service biologie et deux chirurgiens. » Ils interviennent en application d’une convention passée entre les deux pays en 2005 (« le Quotidien » du 8 mars 2005), qui arrive à échéance l’année prochaine. La coopération, c’est encore un fonds de solidarité prioritaire, pour un budget triennal de 1,8 million d’euros, sur un budget de 10 milliards de francs CFA (environ 15 millions d’euros).

« Ces aides sont indispensables au fonctionnement de l’établissement, souligne le Pr Klotz. Dans un pays où le financement du système de soins reste problématique, le maintien d’une gestion moderne ne peut être assuré sans des soutiens extérieurs. Avec 400 lits, un service d’urgence qui accueille les habitants de Dakar, l’Hôpital principal dispose d’un département d’ingénierie biomédicale qui suit des techniques de pointe : chirurgie cœlioscopique, neuro-endoscopique, endo-urologique, arthroscopique. Les équipes fonctionnent sur le modèle hospitalier français, avec une autorité univoque, un règlement qui permet de bénéficier de toutes l’efficacité et l’expertise requises. »

Appel aux dons et au mécénat.

Mais l’exercice est complexe, l’équilibre fragile. Il peut être remis en question en permanence. Et peut-être même dès l’année prochaine, à l’occasion de la négociation de la nouvelle convention entre Dakar et Paris. D’où cette initiative : la création de l’Association des amis de l’Hôpital principal de Dakar (AHP). Ses fondateurs s’assignent quatre objectifs : maintenir le plateau technique à un haut niveau ; obtenir des dons de matériel technique et pédagogique ; financer des stages de perfectionnement de médecins africains en France ; faire venir des missionnaires à l’hôpital de Dakar.

Président de l’association, le Pr Klotz lance donc un appel au don auprès des particuliers, à commencer dans le monde médical. Il sollicite également le mécénat d’entreprises et a déjà reçu un accueil favorable auprès de grands groupes industriels comme Eiffage ou Total.

Une première livraison de matériel a d’ores et déjà été effectuée, en provenance de cliniques françaises.

La dimension humaine n’est pas la moindre ambition de l’AHP. Il s’agit de faire vivre un pôle unique qui accueille chaque année 150 stagiaires venus de toute l’Afrique. Il faut aussi financer les formations des cadres sénégalais dans des hôpitaux français. Évidemment, le contexte est difficile : partout en Afrique, l’effort de coopération subit des coupes claires budgétaires et des nouvelles modalités d’échanges biculturels doivent être inventées et mises en place pour lutter contre une certaine impression d’abandon. Autour du Pr Klotz, le moral se réclame d’un « optimisme mesuré » : « L’hôpital principal, rappelle son ancien patron, c’est le fruit d’une longue histoire entre la France et le Sénégal. Sur un continent noir en pleine évolution, soumis aux contrastes de ses racines ethnoculturelles et au vent de la mondialisation, il est crucial aujourd’hui que les élites médicales sénégalaises puissent continuer à faire vivre un remarquable outil de soins et de formation ». Un outil d’autant plus remarquable que la carte de l’infectiologie mondiale est préoccupante.

Pour adhérer : AHP, 68, bd de Strasbourg, 75010 Paris, amiprincipal@yahoo.fr. Cotisation annuelle pour être membre actif : 50 euros (à l’ordre des Amis de l’hôpital principal de Dakar)

 CHRISTIAN DELAHAYE

Source : lequotidiendumedecin.fr