Le pendant anglais de l'Académie des sciences, la Royal Society, est sorti de sa réserve et a exprimé dans un rapport publié la semaine dernière ses craintes concernant la possible sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne suite au référendum qui aura lieu ce jeudi 23 juin.
Dans ce travail en trois parties, le premier volet se concentre sur le rôle de l'Union européenne dans le financement de la recherche anglaise ; le deuxième sur l'impact de l'Union sur l'intégration des chercheurs anglais dans les programmes internationaux et leur mobilité, le troisième sur le rôle des règlements européens dans la gouvernance de la recherche britannique.
En ce qui concerne le financement de la recherche, le Royaume-Uni a bénéficié de 8,8 milliards d'euros via le 7e programme-cadre européen (FP7, 2007-2013), dont 1,1 milliard en bourse de recherche, et a contribué à hauteur de 5,4 milliards d'euros sur la même période. Le Royaume-Uni est ainsi le deuxième plus important bénéficiaire du FP7, après l'Allemagne (12,1 milliards) et devant la France (7,3 milliards). Précisons toutefois que la recherche fait figure d'exception dans le domaine de l'échange de financement entre l'Europe et le Royaume-Uni puisque, tous domaines confondus, le pays a versé 77,7 milliards d'euros à l'Union européenne entre 2007 et 2013, pour en recevoir 47,5 milliards.
Quand l'Europe prend le relais du gouvernement
Contacté par « le Quotidien », le président de la Royal Society, Venki Ramakrishnan (prix Nobel 2009 pour ses travaux sur le fonctionnement des ribosomes) ajoute que « malgré une diminution du financement de la recherche entre les périodes 2009-2010 et 2013-2014 (une baisse de 230 millions de livres sterling, soit 290 millions d'euros N.D.L.R), le financement de la recherche universitaire anglaise a augmenté. Cela est largement dû à l'augmentation du financement européen, poursuit-il. Horizon 2020 est, de loin, le plus grand programme international de financement de la recherche. » Le programme Horizon 2020 doit ainsi fournir 120 milliards d'euros à l'ensemble de l'Union européenne.
Dans la partie du rapport consacré à la mobilité, la Royal Society note qu'environ la moitié des programmes de recherche anglais s'inscrivent dans le cadre d'une collaboration internationale, dont 60 % incluent au moins un partenaire de l'Union européenne. « Si le Royaume-Uni choisit de quitter l'Europe le 23 juin, cela affectera le financement et la mobilité de nos chercheurs, s'inquiète Venki Ramakrishnan, il est important que cet aspect des choses soit bien considéré par l'électorat, ainsi que les changements qu'il faudra assumer si nous décidons de partir. »
Ce n'est pas la première fois que les chercheurs britanniques expriment leur inquiétude. En mars dernier, 150 membres de la Royal Society rejoint par le physicien Stephen Hawking avaient déjà qualifié de « désastre pour la sience » l'éventuelle sortie de l'Union européenne, dans une lettre adressée au quotidien britannique « The Times ». « Nous recrutons maintenant plusieurs de nos plus brillants scientifiques en Europe continentale, font remarquer les signataires, y compris les plus jeunes qui obtiennent des bourses européennes et décident de venir avec elles en Angleterre. » Selon le rapport de la Royal Society, 16 % du personnel académique britannique provient d'un pays membre de l'Union européenne et 12 % proviennent d'un pays situé en dehors de l'UE.
Le « BMJ » entre en campagne
Le journal médical britannique « BMJ » est également intervenu dans le débat à l'occasion d'une prise de position publiée le 14 juin. « Au cours des 5 dernières semaines, le journal a publié une série d'articles présentant équitablement les arguments en faveur de la sortie ou du maintien du Royaume Uni dans l'Union européenne, écrit la rédactrice en chef de la revue, le Dr Fiona Godlee. Il est devenu de plus en plus évident que les arguments en faveur du maintien dans l'Union européenne sont écrasants et qu'il est temps de prendre position. »
Le « BMJ » enjoint donc les médecins britanniques de voter en faveur du maintien du pays dans l'Union. L'argument voulant que la sécurité sociale anglaise (NHS) verse 350 millions de livres par semaine « a été démenti par l'ensemble des experts économiques et financiers », poursuit le journal. Le « BMJ » s'appuie également sur un rapport publié la semaine dernière par The Economist Intelligence Unit (organisme d'analyse appartenant au groupe The Economist) qui a calculé que l'impact global sur l'économie britannique risquait d'occasionner des dépenses supplémentaires de 135 livres sterling (171 euros) par personne. Les analystes avaient de plus pointer du doigt le fait que l'Agence européenne du médicament (EMA) allait vraisemblablement devoir quitter son siège londonien en cas de victoire du « oui » au référendum, ce qui amoindrirait l'influence anglaise sur la régulation européenne du médicament.
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