CHEZ LES SINGES et les humains présentant un sida, les dommages du tractus digestif sont courants. On sait qu’ils contribuent à l’activation du système immunitaire, à la progression de l’immunodéficience et pour finir, au sida avancé. Comment ces dégâts gastroentériques surviennent-ils ? La question demeure encore non résolue. Des chercheurs présentent de nouveaux indices soutenant l’hypothèse d’une participation virale jusque-là insoupçonnée, avec la présence de virus différents de ceux de l’immunodéficience. L’étude a été menée chez des singes rhésus infectés par des virus de l’immunodéficience simienne (VIS), pathogènes et non pathogènes.
« Nous avons utilisé un moyen de séquençage de la dernière génération, pour déterminer la définition du virome entérique au cours de l’infection par le VIS. »
Une augmentation des virus, en nombre et en espèces, est observée en association avec l’infection par des VIS pathogènes, mais n’est pas trouvée en présence de VIS non pathogènes.
Des entérovirus antérieurement non décrits.
« Nous avons identifié au moins 32 espèces d’entérovirus antérieurement non décrits au cours de l’infection par VIS pathgène », écrivent les auteurs. Des virus qui sont causes de pathologies chez des mammifères. Ils incluent notamment des adénovirus, des calicivirus, des parvovirus, des picornavirus et des virus du polyome. La présence de ces virus, détectée par technique de pointe, a été confirmée par les moyens standards (PCR et culture virale).
Une extension du virome normal de l’animal est donc ainsi suspectée en présence du VIS. Cette étude montre de plus qu’il y a, dans le sida avancé, la participation d’une infection entéritique active, attestée par la détection d’une infection muqueuse par adénovirus, non suspectée cliniquement.
« Les approches standards de diagnostic (PCR ou cultures), n’auraient pas permis de suspecter l’éventail des virus que nous avons trouvés », soulignent les auteurs. « Nous avons probablement sous-estimé les participations potentielles d’infections virales systémiques et la diversité des antigènes qui pourraient avoir contribué à l’entéropathie et à l’activation immunitaire. »
La composition du virome entérique pourrait-elle être un indicateur pronostic d’une évolution de la maladie ? Contribue-t-elle à la pathogénie du sida, en endommageant l’épithélium intestinal. Ce qui permettrait un accès à des microorganismes, des PAMPs (Pathogen-Associated Molecular Patterns) ou à des antigènes, dans les tissus de l’organisme et dans le sang, ce qui pourrait activer le système immunitaire et stimuler la réplication des lentivirus. Les questions sont désormais posées.
Cell, 11 octobre 2012 ; doi : 10.1016/j.cell.2012.09.024
Xénogreffe : un avenir se dessine en France
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage