LE QUOTIDIEN - L’IM2A est inauguré ce matin mais il a reçu ses premiers patients il y a près de deux semaines. Combien en attendez-vous ?
PR BRUNO DUBOIS - Il faut que cela se mette en route. Mais nous comptons sur dix patients par jour en hôpital de jour d’ici janvier, 3 500 par an. Nous disposons de 10 lits d’hospitalisation de jour mais également de six boxes, avec 14 médecins consultants, tous spécialistes de la mémoire, de la cognition et du comportement. Je rappelle que ce centre ne concerne pas seulement la maladie d’Alzheimer mais toutes les maladies dégénératives, qu’il s’agisse de démences fronto-temporales ou sémantiques ou d’aphasies progressives primaires et qu’il traitera également les séquelles cognitives et comportementales des AVC (accidents vasculaires cérébraux), TC (traumatismes crâniens) ou actes de neuro-chirurgie.
L’IM2A a donc l’ambition, et c’est tout à fait novateur en France, de faire le lien, dans les mêmes murs, entre clinique et recherche. Les patients que vous allez recevoir pourront participer à des cohortes afin de tester les nouveaux biomarqueurs.
En effet, nous allons suivre nos patients de façon très standardisée pour pouvoir ensuite regrouper toutes les informations dans des bases de données. Nous étudierons l’évolution de ces patients, leur pronostic, les facteurs d’aggravation de la pathologie, l’efficacité des médicaments. Le but de l’institut est d’apporter plus de rigueur scientifique à la prise en charge clinique. Nous allons nous astreindre à réaliser les examens selon les mêmes procédures pour tous les patients. Chacun d’entre eux devient l’élément d’un tout. Aujourd’hui, tout le monde se dirige vers les biomarqueurs. Il y a dix ans, nous ne disposions pas de signature de la maladie, seuls les tests cliniques pouvaient être confirmés par des analyses en autopsie.
Dans la brochure descriptive de l’IM2A, on peut lire que vous espérez percer « le secret » que détient le patient. Quel secret ?
Ces maladies neurodégénératives sont des maladies nouvelles. Enfin elles ont toujours existé mais nous ne les avons pas encore percées au jour. Et la meilleure façon de comprendre la maladie, c’est bien en étudiant le patient.
Remarque de pur bon sens, en somme ...
Certes ! C’est le B A BA dans l’approche clinique de la maladie. Mais ici nous le structurons à un niveau plus global. Tous les membres de mon équipe sont orientés dans cette vision des choses. On leur demande de tendre vers une exhaustivité du recueil des données. Il nous faut éviter une approche trop individuelle.
Vos collaborateurs ont-ils reçu une formation en ce sens ?
Ils y ont en tout cas été sensibilisés. C’est en cela aussi que la structure est novatrice et c’est ce qui fait sa force. C’est d’ailleurs ainsi que devrait être la médecine moderne. Les patients vont bénéficier de compétences et d’un plateau technique, celui de la Salpêtrière, qui sont exceptionnels. Toutes les données recueillies seront reversées dans un centre d’intégration multimodal, grâce à l’aide de biostatisticiens et de mathématiciens. Nous allons pouvoir créer des algorithmes et des solutions mathématiques afin de tendre vers un diagnostic le plus précoce possible. Car tel est tout de même notre objectif premier : nous disposerons peut-être demain de médicaments capables de ralentir le processus de la maladie, alors il faut être en mesure d’en faire profiter les malades le plus tôt possible.
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