« Plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH, dans le monde, sont des femmes (1). L’âge moyen au diagnostic est de 36,1 ans chez les femmes versus 39,2 ans chez les hommes (2). On constate une proportion importante des moins de 25 ans et une augmentation des plus de 50 ans (35 % en 2011/25 % en 2008) (3) », indique le Dr Myriam Kirstetter.
Concernant les moins de 25 ans, entre 2003 et 2010, la quasi-totalité des femmes de moins de 25 ans (97 %) a été contaminée lors de rapports hétérosexuels (Rapport OMS). Elles sont nées en Afrique Subsaharienne en majorité (63 %) et seulement 23 % sont nées en France.
Dans le monde, tous âges confondus, 42 % des femmes, sont contaminées après des rapports sexuels avec un partenaire stable ; seulement 6 % étaient au courant de la séropositivité du partenaire (2).
Facteurs de vulnérabilité des femmes au VIH/sida et aux IST
« Sur le plan de la transmission du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) lors des rapports hétérosexuels, les femmes présentent physiologiquement une vulnérabilité plus importante que les hommes », explique la spécialiste. Selon l’OMS, la transmission du VIH d’un homme à une femme pendant les rapports sexuels a deux à quatre fois plus de risques de se produire que la transmission d’une femme à un homme. « En effet, la zone de muqueuse exposée au virus pendant le rapport sexuel est plus grande chez les femmes et la fragilité des parois vaginales offre de multiples voies d’entrée au virus, précise le Dr Kirstetter. Cela est particulièrement vrai chez les jeunes filles, dont le col de l’utérus, immature, poursuit-elle, et la faible production de mucus vaginal, ne procurent qu’une mince barrière contre les infections. » En outre, la concentration du virus est plus importante dans le sperme que dans les sécrétions vaginales et le sperme peut rester plusieurs jours dans le tractus génital féminin.
Les périodes de la vie génitale encore plus à risque
Les femmes sont plus vulnérables lors de certaines périodes de la vie génitale avec des rapports plus à risques pendant les règles, la grossesse, la période suivant l’accouchement et la ménopause. Chez les femmes ménopausées, une diminution de la lubrification vaginale et l’amincissement de la paroi interne du vagin augmentent le risque de contracter le VIH, puisque la relation sexuelle se produit dans un vagin plus sec, où la muqueuse est plus susceptible de se déchirer ou se fissurer, favorisant l’entrée du virus.
« Il existe une aggravation du risque de transmission du VIH en cas d’infections sexuellement transmissibles non traitées chez l’un ou l’autre des partenaires », insiste le Dr Kirstetter. L’existence d’une IST multiplierait par 10 le risque de transmission du VIH. Malheureusement, ces IST passent souvent inaperçues chez la femme ; en effet dans 50 à 80 % des cas, les femmes qui ont contracté une IST l’ignorent du fait de l’absence de signes pathognomoniques.
« La pharmacocinétique des antirétroviraux (ARV) est différente selon le poids, la distribution des graisses, les sécrétions acides, la biotransformation, et est également sous l’influence des hormones sexuelles. Ces particularités sont dorénavant prises en compte », se félicite Myriam Kirstetter.
La sexualité est difficile en raison, bien évidemment, du VIH lui-même et de la lipodystrophie.
L’observance des traitements est également un défi pour les femmes VIH+, liée en particulier à l’isolement face à la maladie. Ces femmes sont « souvent seules à porter leur secret ; on constate une faible proportion de femmes ayant eu recours à une association (enquête Vespa). Elles ont des difficultés à prendre ouvertement leurs médicaments… en particulier celles qui reçoivent peu de soutien de son entourage ».
Les conditions de vie des femmes sont souvent plus précaires : « Elles sont fréquemment seules à assumer leurs enfants, explique le Dr Kirstetter, elles ont davantage de difficulté à trouver un emploi. Leur prise en charge est plus tardive que les hommes. Les effets indésirables et les complications sont plus marqués chez les femmes avec un impact psychologique important. »
« Pour toutes ces raisons, affirme Myriam Kirstetter, il faut être à l’écoute et adapter, individualiser la prise en charge afin d’accompagner les différentes phases de la vie d’une femme car la prise en charge est en évolution depuis le début de l’épidémie grâce aux traitements antirétroviraux permettant aujourd’hui une sexualité, un désir d’enfant, une maternité… Elles peuvent être femmes mais également être mères. »
*Médecin généraliste, spécialiste et impliquée dans le traitement du SIDA, Attachée à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris.
**Réunion « VIH : la vie au féminin » organisée avec le soutien institutionnel des Laboratoires Abbvie.
Références :
1) UNAIDS Report on the Global HIV epidemic. 2010.
2) Cazein F, Lot F, Pillonel J, et al. Surveillance de l’infection à VIH-sida en France, 2009. BEHn°45-46.30 novembre 2010.
3) Rapport Morlat 2013.
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