L’Autrichien Felix Baumgartner est devenu, hier, le premier homme à franchir le mur du son en chute libre après s’être élancé d’une capsule accrochée à un ballon d’hélium à une altitude record d’un peu plus de 39 kilomètres dans le ciel du Nouveau-Mexique, aux États-Unis.
Son saut a duré 9 minutes et trois secondes dont 4 minutes 20 secondes de chute libre. Il a atteint la vitesse de 1 341,9 km/h, soit 1,24 fois la vitesse du son. Lors de sa descente, Felix Baumgartner a également battu deux autres records du monde : celui de la plus haute altitude atteinte par un homme en ballon, et le record du plus haut saut en chute libre, détenu depuis 1960 par un ancien colonel de l’Armée de l’air américaine, Joe Kittinger. Mais contrairement à ce dernier, Baumgartner ne s’est pas évanoui lors de sa chute. « Le moment le plus critique est la phase transsonique avec l’instabilité du corps », confirme au « Quotidien » le Dr Bernard Comet, médecin des astronautes et ingénieur au MEDES (Institut de médecine et de physiologie spatiales).
Traînée aérodynamique
Imperturbable, Felix Baumgartner est resté très concentré durant les deux heures et demie d’ascension. Une petite alerte sur un système de chauffage et un peu de buée sur sa visière ne l’ont pas déstabilisé. Après une longue check-list, il s’est élancé dans le vide, tête en avant pour gagner plus de vitesse. « Parfois il faut monter très haut pour comprendre à quel point on est petit », a-t-il dit aux membres de son équipe juste avant le saut. Selon le Dr Comet, le parachutiste était alimenté en oxygène pur et régulé en température (pas moins de 9,9°). Il ne semble toutefois pas avoir été monitoré.
« La sortie a été parfaite, mais ensuite j’ai commencé à être très secoué », a expliqué Félix Baumgartner. « Je me disais que j’allais réussir à contrôler la chute, mais quand j’ai pris de la vitesse, c’est devenu vraiment violent, et pendant quelques secondes j’ai cru que j’allais perdre conscience. Heureusement, j’ai réussi à stopper ça. Ca a été très difficile, beaucoup plus difficile que nous ne le pensions ». L’Autrichien a su parfaitement gérer cette « phase de contrainte mécanique », constate le Dr Comet. « Après s’être mis en tonneau, il s’est vite rattrapé. Les chuteurs savent très bien le faire en écartant la main et en effectuant une traînée aérodynamique. Il est resté en contact permanent avec le centre de contrôle ».
Cinq ans d’entraînement
L’Autrichien s’entraînait depuis cinq ans. La solidité de sa combinaison pressurisée était essentielle. Dans le cadre de sa préparation, Felix Baumgartner avait déjà effectué avec succès deux sauts à haute altitude (21 800 et 29 600 mètres). En 2003, il a également réalisé la première traversée de la Manche en chute libre, en sautant d’un avion au-dessus de l’Angleterre et en rejoignant Calais accroché à deux ailes en carbone. Il a réalisé son premier saut à l’âge de 16 ans, avant de rejoindre l’armée autrichienne dans les forces spéciales. « Même tout petit je grimpais déjà aux arbres. J’ai toujours voulu voler », confie le parachutiste qui porte sur son avant-bras le tatouage « born to fly ». « Je pense que tout est une question de préparation. (...) Je déteste que l’on m’appelle un amateur de sensations fortes ou un drogué de l’adrénaline, car je ne suis pas comme ça. J’aime que tout soit planifié », explique-t-il.
La mission Red Bull Stratos, forte d’une équipe de 100 personnes, espérait également, avec ce saut, contribuer à la recherche médicale en matière aéronautique, pour les astronautes et les éventuels futurs touristes de l’espace. « Comme l’a dit Jean-François Clervoye (astronaute français), ce saut prouve que l’éjection dans les très hautes altitudes peut être possible » dans le cadre d’une sauvegarde de l’équipage, souligne le Dr Comet. En France, le parachutiste Michel André Fournier a dû renoncer à son projet « le grand saut » : la tentative annoncée pour mai 2011 n’a pas eu lieu. « Félix Baumgartner a sans doute eu aussi la chance d’avoir un bon sponsor derrière lui », estime Bernard Comet. Le saut a été suivi en direct sur le site internet de la mission, www.redbullstratos.com, grâce à plus de 35 caméras au sol et dans les airs, dont certaines attachées à la combinaison du parachutiste.
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