Sous les ors de l’Académie des sciences, devant un parterre de scientifiques renommés (Claudie Haigneré, Françoise Barré-Sinoussi, Alain Fischer, Axel Kahn...) Geneviève Fioraso a ouvert ce mercredi les assises de l’enseignement supérieur. L’objectif : « Replacer toutes les sciences et la recherche au cœur de l’ambition nationale et européenne d’une société de progrès » a déclaré la ministre de l’Enseignement Supérieur.
Un comité de pilotage, présidé par la chercheuse Françoise Barré-Sinoussi (le Président de Paris 7 Diderot, Vincent Berger en sera le rapporteur), auditionnera les acteurs de tous horizons jusqu’en septembre. Des Assises territoriales prendront le relais en octobre, afin de nourrir les débats nationaux fin novembre. Le comité rendra son rapport fin décembre. Une proposition de réforme devrait voir le jour au 1er trimestre 2013. Françoise Barré-Sinoussi se pose en gardienne de l’indépendance des travaux : « c’était un des éléments critiques pour accepter la mission ». Geneviève Fioraso l’entend de cette oreille : « Le politique ne piégera pas le comité » prévient-elle.
Un terrain miné
La réussite des étudiants est la première priorité : Geneviève Fioraso attend des propositions concrètes sur l’amélioration de leurs conditions de travail (notamment leur accès aux soins), la réforme des formations, avec un accent sur les stages pratiques, et des innovations pédagogiques, afin de redonner de l’attractivité aux métiers de l’enseignement. « Nous manquons de 30 % de candidats à la fonction d’enseignant », s’inquiète la ministre.
La recherche, deuxième priorité, concentre beaucoup d’espoirs. À commencer par celui d’un rayonnement de la France à l’international. « Quand on se rend à l’étranger, on constate combien il est difficile d’expliquer le fonctionnement de la recherche. Il faut améliorer l’image de la France, nous avons d’excellents chercheurs, mais nous ne sommes pas visibles » déplore Françoise Barré-Sinoussi.
Le terrain est miné et la ministre de la Recherche le sait. « Contrairement au précédent quinquennat, nous avons une forte volonté de dialogue, d’efficience et de transparence », rassurons Geneviève Fioraso. Et de scander le mot « confiance », repris par Vincent Berger et le généticien Alain Fischer, comme remède aux souffrances du monde universitaire. Première mesure symbolique : l’annonce d’un moratoire sur l’évaluation des enseignants-chercheurs, instaurée par un décret de 2009.
La ministre assure que « la recherche fondamentale sera préservée de la course effrénée aux crédits » et que les lourdeurs administratives devraient être atténuées. Elle appelle aussi le comité à plancher sur la recherche technologique, « trop faible en France », juge-t-elle, évoquant la lutte contre le réchauffement, les nanotechnologies, les biotechnologies... « Les sciences humaines devront y être associées », conseille-t-elle.
Des rééquilibrages budgétaires
Réclamée par les enseignants chercheurs, la révision de la gouvernance des établissements sera le 3e chantier de ces Assises. La loi LRU* ne sera pas abrogée mais révisée. « Nous simplifierons les dispositifs, dont l’accumulation brouille les pistes. La collégialité et le travail en réseau seront préférés à la concurrence », promet Geneviève Fioraso. Selon elle, les organismes devront retrouver leur autonomie en matière de stratégie, tout en la partageant avec les territoires, et les alliances entre institutions devront retrouver de la souplesse.
Aura-t-elle les moyens financiers nécessaires à ses projets ? Geneviève Fioraso se plie aux circonvolutions du langage officiel qui chante « l’effort budgétaire » sans être dupe. « Il faut faire un travail de profondeur. Nous rechercherons des fonds à l’échelle de l’Europe, où la recherche devra être un levier de la croissance. Pour le reste, rééquilibrage et péréquations entre universités me semblent plus pertinents que rallonge budgétaire ». La situation est critique : 23 universités sont déficitaires pour leurs exercices de 2010 et 2011.
*Loi relative aux libertés et responsabilités des universités.
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