« L’un des problèmes dans le système de santé actuel, c’est le peu de données en médecine de ville, car historiquement la médecine générale ne faisait pas partie d’un champ de recherche connu et n’était pas une discipline universitaire. Or, une absence de données en médecine générale où se pratique un nombre d’actes très important et le suivi d’un nombre considérable de patients est un vrai handicap pour le système de soins, qu’il s’agisse d’éclairer les décisions, aussi bien sur le plan scientifique que stratégique voire financier », déclare le Pr Vincent Renard, à la tête du bureau du CNGE « Collège académique 2016-2018 ».
Avec l’émergence de la filière universitaire de médecine générale, la spécialité se mobilise pour rattraper son retard en matière de recherche. « La filière universitaire a moins de dix ans. Cela reste une histoire extrêmement courte qui n’a pas encore eu le temps de porter tous ses fruits. Mais la donne a déjà complètement changé en termes d’implication, de projets et de développements », indique le Pr Renard. « Les collaborations se multiplient. Il y a beaucoup de départements de médecine générale qui produisent des travaux de recherche. On est passé par exemple de cinq publications indexées en 2009 à cent cinquante aujourd’hui », précise-t-il. « Pour autant, compte tenu du caractère récent de cette histoire on est encore évidemment loin. On manque encore beaucoup d’enseignants chercheurs. On est à la fois dans la construction et le début de cette histoire », considère-t-il.
Réseau d’investigateurs
Actuellement, la discipline englobe environ 80 enseignants titulaires universitaires, 200 enseignants associés des universités, 150 chefs de clinique et une cinquantaine d’assistants universitaires. « Il y a surtout, plus de 9 000 maîtres de stage qui représentent aujourd’hui entre 15 et 20 % de la profession et qui à des degrés divers sont en deuxième cercle autour des départements de médecine générale et des collèges de généralistes enseignants », souligne le Pr Renard. « Le CNGE a créé son propre réseau d’investigateurs qui a déjà plus de 10 publications internationales à son actif. Le collège continue à recruter des généralistes dans le cadre de ce réseau, lequel est en train de se structurer pour avoir la capacité de mener plusieurs projets en parallèle et notamment des grands projets nationaux », ajoute-t-il.
Recueil de données
« Intégrer le réseau d’investigateurs, c’est la meilleure manière de mettre le pied dans la porte et d’être sollicité pour un certain nombre de projets de recherche », poursuit le Pr Renard. « S’impliquer dans la recherche en médecine générale est aujourd’hui très facile, mais ce n’est pas encore très connu. Mais cela devrait changer au cours de cette année 2018 avec le lancement d'un certain nombre de grands projets, notamment le recueil de données en routine, organisé en partenariat avec la CNAMTS et qui a été annoncé lors du dernier congrès national du CNGE », se réjouit le président. L’inscription à la base de données investigateur du réseau national s’effectue via le site internet du CNGE. Les investigateurs sont alors informés des études proposées par les référents recherche et coordonnateurs de collèges régionaux. La participation à un projet est libre et l’activité de chercheur est bien sûr rémunérée.
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