Égypte : les fards pour soigner l’il
Il y a 4 000 ans, les Égyptiens utilisaient des fards au plomb et les considéraient comme des émanations des yeux des dieux Horus et Ra qui les protégeaient. Les médecins grecs et romains ont souligné dans leurs écrits l’intérêt de ces fards pour le soin des yeux. Ils n’avaient pas tort, comme le montre une équipe de chimistes pilotée par Christian Amatore, du CNRS ; la recherche, réalisée en collaboration avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France, est publiée en ligne dans la revue « Analytical Chemistry ».
Grâce à des ultramicroélectrodes, les chercheurs ont pu étudier l’activité de la laurionite, un sel de plomb utilisé par les anciens Égyptiens, sur les kératinocytes. À de très faibles doses, le plomb ne tue pas la cellule ; il induit la production de monoxyde d’azote, connu pour activer le système immunitaire, jouant un rôle dans la régulation de la pression sanguine. Un Égyptien à l’il maquillé de fard noir voyait ainsi son liquide lacrymal enrichi en ions Pb2+ suite à une faible dissolution du fard, ce qui devait stimuler la production de macrophages mangeurs de bactéries et favoriser leur passage à travers la paroi des capillaires et des vaisseaux sanguins.
La Joconde avait du cholestérol
En regardant l’il gauche de Mona Lisa, on y décèle un xanthelasma, indication d’un taux élevé de cholestérol, selon Vito Franco, professeur d’anatomie pathologique à l’université de Palerme. Les lipomes sous-cutanés des mains sont également parlants, selon le spécialiste, qui a présenté au congrès européen de pathologie humaine, à Florence, ses déductions sur les pathologies de personnages de tableaux célèbres.
En ce qui concerne la Joconde, peinte par Leonard de Vinci entre 1503 et 1506, le Pr Franco n’est pas le seul à s’être penché sur son xanthelasma. Jan Dequeker, Erik Muls et Kathleen Leenders l’évoquaient dans un article publié en 2004 (IMAJ, journal de l’Israel Medical Association). Pour eux les signes observés chez cette jeune femme de 25-30 ans, décédée à 37 ans, indiquent une hyperlipidémie essentiel, facteur de risque important de cardiopathie ischémique à un âge moyen.
Diane de Poitiers tuée par l’or
À la fois archéologue et anatomopathologiste, le Dr Philippe Charlier (médecine légale et d’anatomie/cytologie pathologiques de l’hôpital Rayond-Poincaré, Garches), a étudié notamment les restes d’Agnès Sorel. Avec d’autres équipes françaises*, il s’est penché aussi sur les causes de la mort, en 1566, à 66 ans, de Diane de Poitiers (« British Medical Journal », 16 décembre 2009).
Des restes de la favorite d’Henri II ont été exhumés lors d’une fouille à Anet en 2008. Des quantités anormales d’or ont été retrouvées dans le résidu de décomposition du corps, tout comme des concentrations élevées avaient été relevées dans un cheveu provenant d’une mèche conservée au château d’Anet. Or, l’on sait, comme le rapporte Brantôme dans « Vies des femmes illustres », que la belle dame, à la soixantaine « aussi fraîche et aussi aimable comme en l’âge de trente ans » prenait tous les matins « quelques bouillons composés d’or potable ». Or buvable dont les vertus régénératrices étaient vantées depuis l’antiquité et très prisées à la cour au XVI e siècle. Diane pourrait donc avoir succombé à une intoxication chronique à l’or, morte d’avoir voulu rester jeune.
› RENÉE CARTON
* Le Dr Joël Poupon (toxicologie biologique, Lariboisière, Paris), le Dr Isabelle Huynh-Charlier (radiologie, Pitié-Salpêtrière, Paris), Jen-François Saliège, Dominique Favier, Christine Keyser et le Pr Bertrand Ludes (Institut de médecine légale,Strasbourg).
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