Le projet RESPINE est le seul projet en santé coordonné par une équipe française sélectionnée dans le cadre du programme européen pour la recherche et l'innovation, Horizon 2020.
Son objectif : évaluer, dans un essai de phase 3, les effets sur la douleur et la restructuration du disque intervertébral de l'injection de cellules-souches mésenchymateuses dans la discopathie vertébrale. « À travers l'IRMB, institut dédié à la médecine régénératrice qui compte quelque 200 collaborateurs, le CHU de Montpellier est leader dans cette thématique, notamment dans le domaine ostéoarticulaire, indique le Pr Christian Jorgensen, chef du service rhumatologie-thérapeutique ostéoarticulaire et du département de biothérapie au CHU de Montpellier. Nous travaillons depuis plusieurs années sur l'utilisation de cellules mésenchymateuses comme « cellules médicaments », avec une reprogrammation cellulaire qui permet d'obtenir des tissus plus immatures aux potentiels multiples. Comparativement aux biothérapies par anticorps, les cellules mésenchymateuses ont un avantage fonctionnel puisqu'elles sont susceptibles de restaurer la fonction d'un tissu, voire d'un organe. Notre expérience dans l'arthrose – un essai clinique également financé dans le cadre du programme Horizon 2020 est en cours – nous a conduit à évaluer cette approche innovante dans une autre indication, la discopathie vertébrale, qui touche quelque 70 millions d'Européens ».
Le programme RESPINE, dont le budget est de 6 millions d'euros, se fonde sur une expertise pluridisciplinaire et internationale, avec l'implication de centres en France (Montpellier, Nantes et Cochin à Paris), en Espagne et en Allemagne. Des études préliminaires contre placebo (procédure « sham ») ont donné des résultats intéressants.
112 patients suivis pendant 2 ans
« Nous utiliserons des cellules issues de la moelle osseuse de donneurs sélectionnés après typage HLA et évaluation de la capacité des cellules à se régénérer », précise le Pr Jorgensen. L'injection en elle-même est un geste simple, non douloureux, réalisé sous guidage scanner. Le programme doit inclure 112 patients, qui bénéficieront d'une injection unique de 20 millions de cellules et seront suivis pendant 2 ans, délai nécessaire pour apprécier l'efficacité structurale du traitement. Outre l'évolution de la douleur et du score fonctionnel clinique (score d'Oswestry), critères principaux d'évaluation, l'impact de l'injection de cellules-souches mésenchymateuses sur l'intensité du signal en IRM sera en effet également évalué (critère secondaire). Aucun effet indésirable n'est attendu, des milliers de patients ont déjà été traités par des injections de cellules mésenchymateuses sans aucun problème de tolérance. Mais par prudence, le suivi portera aussi sur des paramètres immunitaires.
Discopathie unique en échec de traitement
La sélection des patients par les rhumatologues sera assez stricte et, notamment, ne pourront notamment participer à cet essai que ceux souffrant d'une discopathie inflammatoire unique, en échec des autres traitements. « Il s'agit d'une procédure coûteuse, qui ne peut avoir de place que chez des patients bien sélectionnés », poursuit le Pr Jorgensen. Si cette approche thérapeutique est validée au terme du programme RESPINE, le développement de phase 3 se poursuivra à plus large échelle, avec des applications possibles en clinique dans 5 ans environ.
D'après un entretien avec le Pr Christian Jorgensen, directeur de l'Institut de médecine régénérative et de biothérapies (IRMB), CHU Montpellier
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