QUAND ON regarde la littérature, on s’aperçoit que certaines études arrivent à la conclusion que l’infection par le VIH est un facteur de risque indépendant de maladies cardiovasculaires, mais pas toutes. Certaines suggèrent que des antirétroviraux, et en particulier les antiprotéases, la charge virale, un taux abaissé de CD4 sont chacun pour sa part, associés à un risque accru d’événements cardiovasculaires. Et puis, une consommation d’alcool importante, ce qui est plus fréquent dans la population des sujets infectés par le VIH, constitue un risque établi d’insuffisance cardiaque.
De plus, la zidovudine (AZT) a été associée, de manière dose-dépendante, à une myopathie squelettique attribuée à une toxicité mitochondriale et à des troubles cardiaques, avec résolution à l’arrêt du traitement.
L’infection par le VIH a été liée à une cardiomyopathie dilatée, une myocardite et un dysfonctionnement ventriculaire gauche, et pour le dernier, même en l’absence d’une maladie à VIH évoluée. Enfin, avec l’amélioration de la prise en charge, les facteurs de risque généraux des maladies cardiovasculaires se rencontrent de plus en plus fréquemment dans la population séropositive pour le VIH
Deux sources de données.
«Il est important de comprendre les associations et les nouveaux facteurs de risque, tout comme de définir le rôle du VIH dans le risque de maladies cardiovasculaires. » Addel Butt et coll. s’y sont attelés dans une étude de population, rétrospective, combinant deux sources de données : la Veterans Aging Cohort Study Virtual Cohort (VACS-VC) et la 1999 Large Health Study of Veterans Enrollees (LHS), comparant les 2 391 sujets inclus infectés par le VIH avec les autres qui ne le sont pas.
Au cours du suivi médian de 7,3 ans, il y a eu 286 événements cardiovasculaires incidents et 1 096 décès.
« Les participants ayant une infection par le VIH avaient une probabilité plus importante de coïnfection par le virus de l’hépatite C (30,5 % contre 11,4 %), d’abus ou de dépendance à la cocaïne (21,9 % contre 15,7 %) et un fréquence plus élevé du tabagisme (55 % contre 45,3 %), mais une probabilité moindre d’HTA (18,7 % contre 28,8 %) ou de diabète (16,7 % contre 24,8 %) », rapportent les auteurs.
En comparant avec les vétérans non infectés par le VIH, il apparaît que les sujets infectés par le virus et sans antécédents de maladie coronarienne, ont un risque accru d’insuffisance cardiaque (risque relatif de 1,81). Le risque persiste même si les sujets n’avaient pas de maladie coronarienne ou d’antécédents d’abus d’alcool (ou de dépendance) avant l’événement incident d’insuffisance cardiaque (RR 1,96).
Comparés avec les sujets non infectés, ceux ayant une infection par le VIH avec une charge d’ARN du VIH de 500 copies/ml ou plus, présentent un risque accru d’insuffisance cardiaque (RR 2,28), alors que ce risque n’est pas plus élevé lorsque la charge d’ARN du VIH est inférieure à 500 copies/ml (RR 1,1).
Les facteurs de risque traditionnels.
En conclusion, l’infection par le VIH est associée à un risque accru d’insuffisance cardiaque, qui persiste après ajustement pour les facteurs de risque traditionnels de maladies cardiovasculaires. Et, « une réplication virale active est associée à un risque plus élevé d’insuffisance cardiaque. »
Les auteurs évoquent quelques mécanismes à l’origine des relations entre le VIH et l’insuffisance cardiaque : des effets directs de l’infection, une consommation importante d’alcool, un traitement antirétroviral entraînant un risque augmenté de maladie coronarienne, des carences nutritionnelles et des dommages immunologiques au myocarde.
Enfin, « le rôle des facteurs traditionnels de risque de l’insuffisance cardiaque ne doit pas être omis : l’augmentation de l’âge de la population, l’obésité, l’HTA, le diabète sont aussi associés significativement avec un risque plus élevé d’insuffisance cardiaque dans notre étude. »
Archives of Internal Medicine, vol 171, n°8, 25 avril 2011, p. 737-743.
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