OUTRE leur susceptibilité accrue à la contamination par le VIH, liée à des facteurs biologiques, les femmes sont également désavantagées par rapport aux hommes dans le suivi de l’infection. Ainsi, « le risque qu’une femme ne vienne pas à sa première consultation est plus élevé », parce que les contraintes sociales pèsent davantage sur elles que sur les hommes, explique le Dr Karine Lacombe (hôpital Saint-Antoine, Paris). Elles pâtissent aussi d’un retard à l’accès aux antirétroviraux (ARV). « Même dans la poursuite du traitement, les inégalités persistent. » Selon les données d’une cohorte américaine, les femmes bénéficient moins souvent des traitements ARV hautement actifs que les hommes (57 % contre 71 %) (1).
Peu de femmes dans les essais.
Le Dr Lacombe souligne la conséquence du faible nombre de femmes incluses dans les essais thérapeutiques, à savoir une extrapolation des résultats à cette population sans prise en compte de leurs caractéristiques pharmacocinétiques et de leur tolérance. S’il n’y a pas de différence des réponses virologique et immunologique aux traitements entre les sexes, « les femmes sont moins observantes que les hommes et ont donc un risque plus élevé d’échec au long cours ». Il existe aussi une inégalité dans la tolérance des traitements ARV, dont les effets secondaires ont tendance à être plus fréquents chez les femmes (2), et dans les interactions médicamenteuses (contraception orale).
D’autres spécificités féminines concernent la vie reproductive : moindre fertilité chez les femmes VIH + et, pendant la grossesse, risque plus élevée de contracter l’infection, de fausse couche, de mort in utero, d’accouchement prématuré. Enfin, un rapport de l’OMS signale que, dans le monde, 80 % des programmes VIH/sida s’adressent aussi aux femmes, mais que seulement 45 % ont des budgets spécifiques à ces dernières. En Amérique du Nord et en Europe occidentale, ces taux sont de, respectivement, 5 % et 25 % !
Tours. 13e Journées nationales d’infectiologie. Symposium organisé par Abbott avec la participation des Drs Isabelle Poizot-Martin (Marseille), Rodolphe Garraffo (Nice) et Pascale Leclercq (Grenoble).
(1) Lemly DC et al. CID 2009 ; 199 : 991-8.
(2) Nicastri E et al. JAC 2007 ; 60 : 724-32
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation