À PARIS Saint-Antoine, Broussais, Tenon, en Île-de-France Saint-Germain/Poissy (78), Avicenne (93), Jean Rostand (94), et encore à Chalons-sur-Saône, Nevers, Lyon, Thiers, Moissac : c’est la liste, non exhaustive, des centres pratiquant les IVG fermés, « regroupés » ou menacés de l’être. Aussi les associations appellent-elles une nouvelle fois à la mobilisation pour le droit à l’avortement. Une manifestation était prévue, de longue date, le 6 novembre. L’annonce de la nouvelle journée contre la réforme des retraites, ce même jour, a fait hésiter les organisattrices. Finalement, elles ont maintenu la date. La manifestation partira, comme prévu, à 14 heures de la place d’Italie et fera convergence avec le mouvement social. Elle est organisée à l’initiative de l’ANCIC (Association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception), de la CADAC (Coordination nationale pour le droit à l’avortement et à la contraception) et du Planning familial.
De 1975 à 2001, rappelle la CADAC, le droit à l’interruption volontaire de grossesse n’a fait que progresser. En 2001, la loi Aubry allongeait le délai légal de 10 à 12 semaines de grossesse, supprimait l’obligation de l’autorisation parentale pour les mineures et celle de l’entretien préalable obligatoire et donnait la possibilité de choisir la technique d’avortement. Or, disent les associations, la loi de 2001 n’a jamais été appliquée dans son intégralité : certains établissements n’accueillent pas les femmes jusqu’à 12 semaines, d’autres mettent des obstacles à la prise en charge des mineures, d’autres encore demandent un chèque de caution aux femmes sans couverture sociale, les délais d’attente peuvent dépasser trois semaines... Souvent, les médecins pratiquant les IVG ne sont pas remplacés quand ils partent ou prennent leur retraite. Et, toujours selon les associations, la loi Bachelot, avec ses restructurations, aggrave encore la situation.
Promesse non encore tenue.
En février dernier, dans son rapport sur la prévention des grossesses non désirées et la prise en charge des IVG, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) avait dénoncé des délais d’attente encore importants dans certaines zones et l’absence, dans de nombreux cas, de la possibilité de choisir entre prise en charge chirurgicale et méthode médicamenteuse. Elle estimait que la place de l’IVG dans le système de soins n’était « pas encore normalisée » et que sa pratique restait « peu attractive pour les personnels de santé ». Le rapport recommandait, entre autres, l’inscription de l’orthogénie comme une activité médicale à part entière dans le plan stratégique régional de santé et dans les projets d’établissement et de pôle, la revalorisation de sa prise en charge financière et son inscription dans le droit commun d’une tarification fondée sur les coûts, ainsi que le recrutement de personnels de santé.
Roselyne Bachelot avait alors (le 8 mars, journée de la femme) promis pour juillet une revalorisation des forfaits de 50 % en moyenne (plus pour l’IVG instrumentale avec anesthésie, qui devrait passer de 383 à 625 euros), pour un total de 27 millions d’euros. Mais rien n’est venu, proteste aujourd’hui l’ANCIC. Interrogé par l’AFP, le ministère affirme que « la promesse sera tenue » et que « l’augmentation sera mise en œuvre dans les prochaines semaines ». Si c’est le cas, la hausse risque de n’être pas suffisante, car le montant forfait restera inférieur au coût réel de l’acte, conduisant des cliniques privées, par exemple, à se désintéresser de la pratique.
Chaque année, en France, quelque 220 000 IVG sont encore pratiquées. Tandis que, souligne l’ANCIC, « tous les jours, des femmes ayant fait leur demande dans les délais légaux doivent encore partir à l’étranger pour avorter, par manque d’organisation correcte des soins ».
www.ancic.asso.fr, www.collectifdroitsdesfemmes.org, www.planning-familial.org.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation