En matière de recherche clinique, la France n'est certes pas le pire élève... Elle se positionne au niveau du top 5 européen dans cinq aires thérapeutiques les plus fréquentes (cancers, maladies de la peau et du tissu conjonctif, maladies du système nerveux, maladies cardiaques et cardiovasculaires, pathologies respiratoires).
Pourtant, la recherche clinique hexagonale subit une « lente détérioration », s'est alarmé ce mercredi Philippe Lamoureux, directeur général du Leem (Les entreprises du médicament). Selon une étude dévoilée par le syndicat patronal de l'industrie pharmaceutique, à partir de données du registre international de référence clinicaltrials.gov, la France a participé a seulement 11,9 % des nouveaux essais cliniques lancés dans le monde en 2017 (soit 313 essais), contre 14,2 % en 2015.
La France se positionne désormais au quatrième rang européen derrière le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Espagne. Concrètement, le nombre d'essais cliniques lancés en France a reculé en moyenne de 13 % par an sur la période 2015/2017 (-8 % pour l'Allemagne, -2 % pour l'Espagne et stabilité au Royaume-Uni).
133 jours pour autoriser un essai, années noires
Les délais d'obtention des autorisations d'essais cliniques se sont allongés : il faut 133 jours pour recevoir les autorisations de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) et du comité de protection des personnes (CPP) puis contractualiser avec le centre coordinateur pour un essai clinique, alors que le délai réglementaire est de 105 jours... Au final, près de 7 mois sont nécessaires entre la première demande d'autorisation et l'inclusion du 1er patient !
« Nous avons traversé entre 2015 et 2017 les années les plus noires pour la recherche clinique industrielle, en raison de nouvelles réglementations comme la loi Jardé ayant imposé un tirage au sort des comités de protection des personnes (CPP) qui a rallongé les délais d'autorisation », explique Thomas Borel, directeur scientifique du Leem. « Nous espérons avoir mesuré pour ces deux années les points les plus bas de la recherche clinique », a ajouté Philippe Lamoureux.
Formation des médecins
Pour redonner à la France son attractivité en matière d'essais cliniques, le Leem mise sur les engagements pris par l'État lors du 8e Conseil stratégique des industries de santé (CSIS). Parmi ceux-ci, la mise en place par l'ANSM d'un plan « essais cliniques » pour accélérer les procédures. « Les délais globaux d'autorisation délivrés par l'ANSM sont passés de 63 jours à 45 jours », salue le Pr Gilles Vassal, directeur de la recherche clinique de Gustave Roussy. Une loi adoptée début octobre va également moduler le tirage au sort des CPP afin de tenir compte de leur disponibilité et de leur compétence dans le domaine thérapeutique concerné.
Le Leem propose d'autres mesures notamment pour augmenter l'inclusion des patients dans les centres investigateurs ou favoriser un réseau de compétences multiples en recherche clinique. Dans ce domaine, il souhaite le renforcement de la formation initiale et continue via le DPC en recherche clinique pour les médecins. « L'enjeu est le temps consacré à la recherche clinique par les médecins à l'hôpital. Les médecins ont-ils du temps ? » s'interroge le Pr Gilles Vassal. « Cela dépend beaucoup de la volonté du chef de l'établissement », estime Philippe Lamoureux.
L'objectif affiché du gouvernement est de faire de la France le leader européen de la recherche clinique d'ici à cinq ans.
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