Tout pourrait se résumer au cas extravagant d'un Britannique loufoque qui cultive une passion périlleuse pour les injections de venin de serpent. L'histoire prend une autre tournure quand la science s'en mêle et le prend comme sujet d'étude. Car de cette obsession dangereuse pourrait voir le jour le premier antivenin d'origine humaine à partir d'un donneur exposé à différents venins de serpents.
Une équipe de Copenhague s'est fixé pour objectif de produire un antivenin grâce aux anticorps de ce donneur unique. Pour Brian Lohse, professeur à la faculté de santé et de sciences médicales à l'université de Copenhague, interrogé par l'AFP : « Quand il s'injecte du venin, son système immunitaire répond. Nous espérons trouver des copies de ses anticorps, les isoler, les tester et en fin de compte en produire. » Depuis 2013, quatre chercheurs travaillent à temps plein sur ce projet, qui devrait aboutir d'ici un an.
Une lubie étrange, pas une addiction
Depuis près de trente ans, Steve Ludwin, 51 ans, s'injecte régulièrement de petites quantités de venin de serpent, inspiré tout jeune par l'exemple de Bill Haast, un Américain qui extrayait le venin des reptiles à des fins de recherche médicale.
« Ça a l'air dingue mais en fait ça a potentiellement des effets positifs sur la santé », a déclaré à l'AFP le citoyen britannique aux longs cheveux bruns, qui se targue d'effets anti-âge. Ça a renforcé mon système immunitaire. Je n'ai pas eu de rhume depuis quinze ans ». Steve Ludwin n'encourage personne à suivre son exemple, expliquant qu'il n'a « rien d'un trip à la Jim Morrison », « ça cause une souffrance extrême. C'est très, très dangereux ». Le chanteur des Doors s'était injecté des venins de serpents parmi les plus dangereux au monde (mamba noir, cobra, fer-de-lance) et avait eu plusieurs accidents, l'un d'eux ayant failli lui coûter un bras.
Une production peu coûteuse
Actuellement, les antivenins sont produits à partir d'animaux, le plus souvent le cheval, dont on extrait les anticorps produits après leur avoir injecté du venin en petite quantité. Ce type de traitement coûte assez cher, de l'ordre de 1700 à 2600 euros en moyenne, selon Brian Lohse qui estime le coût de son antivenin à environ 90 euros. De plus, avec un antivenin dérivé de l'homme, la probabilité d'allergies est beaucoup plus faible qu'avec des anticorps issus d'animaux, a expliqué le chercheur danois.
Selon l'OMS, les morsures de serpents sont une question de santé publique « négligée ». L'organisation estime que chaque année, environ 5,4 millions de personnes dans le monde sont mordues par des serpents, et qu'entre 81 000 et 138 000 en meurent. Brian Lohse espère pouvoir proposer une distribution gratuite de l'antivenin dans les pays à risque grâce au soutien des gouvernements, d'ONG, de l'UNICEF ou de l'OMS.
Avec AFP
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