L’article portant sur la création en laboratoire d’un virus mutant de la grippe aviaire H5N1 vient finalement d’être publié après une controverse sur les risques d’une telle publication. La polémique était née à la fin de l’année dernière après l’annonce, par deux équipes américaine et néerlandaise, de la création de mutations du virus H5N1.
L’objectif de ces recherches, financées par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH), était notamment de mieux comprendre les mécanismes qui confèrent au virus la capacité de se transmettre par voie aérienne entre humains. En novembre, le Bureau national américain de la science pour la biosécurité (NSABB) avait demandé que la publication des résultats de ces travaux soit suspendue, évoquant un risque de bioterrorisme. En mars, après de nouvelles évaluations, le NSABB a décidé d’ autoriser la publication des études, estimant que « les données (...) ne semblent pas fournir d’informations qui permettraient une utilisation nuisible (...) au point de mettre en danger la santé publique ni la sécurité nationale ».
Un virus hybride H5/H1
La revue britannique Nature a publié hier les résultats de l’équipe américaine, dirigée par Yoshihiro Kawaoka de l’Université du Wisconsin. L’autre article du Pr Ron Fouchier, du centre médical Erasmus de Rotterdam, est en cours de « révision » avant publication dans la revue « Science ».
L’équipe de Kawaoka explique avoir travaillé sur un gène clé du H5N1, l’hémagglutinine (HA) pour y ajouter une mutation afin de le rendre plus compatible avec les cellules du système respiratoire humain. Les chercheurs ont ensuite utilisé le virus de la grippe porcine H1N1 pour créer un « hybride H5/H1 ». Ce mutant a été ensuite testé sur six furets lesquels ont ensuite transmis le virus par voie aérienne à d’autres furets, sans qu’aucun n’en soit mort.
De tels travaux mettent en lumière les mécanismes d’emprunts génétiques qui permettent à un virus de gagner en transmissibilité, selon ces chercheurs. La revue accompagne l’article d’un rapport d’une agence de biosécurité « non-américaine » selon lequel les bénéfices d’une telle publication dépassent les risques liés à une utilisation malveillante : « Ne pas publier cette information ralentirait ou même bloquerait le développement de vaccins contre un virus qui a encore la capacité à muter naturellement vers une forme pandémique ».
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