La tentation de l'étranger

Publié le 10/03/2016
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Sans possibilité de réaliser un droit au remords dans la spécialité convoitée, certains étudiants ont privilégié l'exil pour leur internat.

C'est le cas d'Olivier Coquard, aujourd'hui psychiatre et psychothérapeute installé en Suisse. Il  n'était pas prédestiné à cet avenir. En 2002, il échoue au concours de l'internat et doit poursuivre un cursus en médecine générale. « Il était clair pour moi que je ne travaillerai jamais en médecine générale, mais il me semblait primordial d'avoir mes diplômes en poche. Une porte de sortie pour ne pas perdre toutes mes années d'études », explique-t-il. Dès la première année d'internat, Olivier s'attèle à la tâche pour trouver une alternative. Il postule au département de psychiatrie adulte de Lausanne en Suisse (CHUV), où il est retenu pour un entretien. Il sera engagé en tant que médecin-assistant (équivalent d'interne) quelques mois plus tard et abandonne définitivement ses études en France. « On entre dans un système différent, sans concours, mais pas sans sélection. Il faut faire ses preuves, répondre aux exigences de nos formateurs. Ce système a le mérite d'obliger les étudiants à être motivés », raconte-t-il. Toutefois, ce n'est pas sans risque rappelle-t-il.« Si on n’est pas compétent, il est possible qu'on ne puisse pas achever sa formation ». De son histoire, il a fait un blog (http://www.psy4.org/) d'information sur l'expatriation en Suisse afin d'aider les étudiants qui n'ont plus aucun recours.

Une nouvelle chance en Belgique

Après avoir passé deux fois les ECN en 2014 et 2015, Paul*, interne en médecine générale, n'est toujours pas satisfait de sa spécialité. Son rang ne lui permet pas d'accéder à la discipline dont il rêve depuis toujours : l'anesthésie-réanimation. Il y a quelques mois, il entend parler d'une possible issue favorable en Belgique. Après avoir monté un « dossier béton » (CV, lettre de motivation et notes des six dernières années), l'interne a été retenu pour passer prochainement un examen pratique de trois semaines dans le service d'anesthésie-réanimation au sein de l'hôpital qu'il a choisi. « II faut montrer sa motivation et sa détermination », explique-t-il. S'il est admissible, l'interne passera également une évaluation écrite et orale. Une commission spécialisée pourra lui octroyer un « pass » de cinq ans, selon les besoins et le budget de l'hôpital. Ainsi même s'il est admissible, il n'est pas sûr d'être retenu.

* Le prénom de cet interne a été changé


Source : Le Quotidien du médecin: 9478