Comment surfer sur l'explosion des consultations à distance ?
Le nouveau collectif « téléconsultation » – créé par la Société française de médecine générale et le Catel, un think tank en santé connectée – formule plusieurs recommandations et interdictions pour déployer de façon pérenne et éthique les pratiques à distance dans le système de santé post-Covid, tout en évitant les dérives.
Le boom des téléconsultations n'est plus un secret : jusqu'à un million d'actes par semaine ont été réalisés au plus fort de l'épidémie avant que la dynamique retombe quelque peu. Que faut-il conserver ? Que faut-il interdire ?
Primo-consultation : plusieurs cas utiles
S'appuyant sur des retours de terrain, le collectif défend d'abord le « maintien de la primo-téléconsultation », avec trace systématique dans le DMP pour assurer la coordination avec le médecin traitant. Et de citer les cas d'application utiles : en préparation d'une consultation en présentiel (rendez-vous de pré-anesthésie, de pré-radiologie interventionnelle, en cardiologie) ; en cas de suspicion de pathologie, pour prescrire des examens complémentaires à réaliser en amont d'un RDV présentiel ; pour restituer au patient des résultats d'examens nécessitant pour leur compréhension un accompagnement spécialisé (test génétique, de dépistage, imagerie spécialisée) ; consultation de Français à l'étranger ; consultation en orthogénie (primo RDV pour IVG) ; lorsque le patient n'a pas de médecin traitant ; et bien sûr dans les cas déjà prévus par l'avenant 6 (indisponibilité du médecin traitant, alternative au recours aux urgences en dehors des urgences vitales). « Un compte rendu doit impérativement être transmis au médecin traitant s'il est connu, et avec l'accord du patient », peut-on lire. Dans le cas où ces conditions ne seraient pas réunies, ou que le motif ne serait pas adapté à une prise en charge à distance, « il reviendra au professionnel de santé d'orienter le patient vers une consultation présentielle ».
Autre reco : le maintien (très encadré) de la téléconsultation par téléphone, autorisée de façon dérogatoire pendant la crise lorsque les patients n’ont pas accès aux technologies numériques ou pour les patients en ALD. Cette dérogation prend fin le 10 juillet alors que sur le terrain, cette pratique a été très utilisée. « 80 % des téléconsultations des hôpitaux d'Occitanie ont été réalisées par téléphone », assure Luc Téot, président du CATEL, chirurgien plastique au CHU de Montpellier, ailleurs président de la Société française et francophone des plaies et cicatrisations (SFFPC). Pour le collectif, ce recours au téléphone doit être réservé aux patients déjà suivis, dans des situations limitées. « Elle n'est pas adaptée à une primo-consultation à distance et doit rester exceptionnelle, en cas de dépannage pour une ordonnance ou de difficultés techniques car elle prive le praticien d'informations », recadre Pierre Traineau, directeur général du CATEL.
Tiers payant systématique
En revanche, l'utilisation d'outils « non sécurisés et non traçables » tels que WhatsApp ou Messenger n'est pas validée par le collectif.
Autre proposition claire et nette : ne pas pérenniser le remboursement à 100 % de la téléconsultation – qui est déjà prolongé jusqu'au 31 décembre 2020. Pour le collectif en effet, la règle de remboursement doit être similaire à celle qui régit les consultations physiques. En revanche, il convient de faciliter et d'harmoniser le paiement. « Les habitudes sont variables d'un praticien à l'autre en fonction de la solution utilisée, du mode d'exercice », déplore Cécile Rostin, coordinatrice des productions et actions collectives du Catel. Le tiers payant intégral doit être « systématique ».
Le collectif se prononce enfin en faveur du maintien et de l'élargissement du télésoin à de nouvelles professions – comme les diététiciens – dans le cadre du parcours de soins.
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