Bien qu'elle permette de réduire les événements indésirables graves associés aux soins (EGIS) au bloc opératoire, l’utilisation de la « check-list », cet outil pratique de vérification croisée d’informations essentielles avant, pendant et après toute intervention - reste sous-optimale. Pour favoriser son appropriation, la Haute Autorité de santé (HAS) propose aux équipes de bloc de concevoir une check-list adaptée à leurs pratiques. Elle publie à cet effet une nouvelle fiche « Élaborer une check-list personnalisée pour la sécurité du patient au bloc opératoire/interventionnel ».
Introduite depuis plus de dix ans, la check-list « sécurité du patient au bloc opératoire » est une des « barrières efficaces » pour éviter les EGIS (erreurs de côté, de site opératoire, de procédure, de patient, d’identification de prélèvements ou oubli de matériel) et les autres événements indésirables associés aux soins (EIAS), comme le défaut d’antibioprophylaxie ou la gestion inadéquate des anticoagulants.
Une utilisation en routine à améliorer
En pratique, elle améliore « le travail en équipe et la sécurité des patients », mais aussi « la culture de sécurité des professionnels et par là même la qualité de vie au travail », résume un article du service évaluation et outils pour la qualité et la sécurité des soins (Evoqss) de la HAS. Mais, « elle reste un outil difficile à mettre en œuvre dans la routine, avec des problématiques de réalisation collective et d’investissement des professionnels, qui y voient, malgré les preuves de son efficacité, une contrainte administrative supplémentaire », analyse cette revue narrative de la littérature publiée dans « Risques et qualité en milieu de soins ».
Pour améliorer l’utilisation de cet outil, la HAS fait évoluer son approche, explique-t-elle, en permettant d’« adapter la check-list pour mieux l’adopter ». Elle laisse ainsi « toute latitude (et responsabilité) aux sociétés savantes et aux équipes de soin pour y parvenir », indiquent les membres de l’Evoqss, encourageant les « leaders actuels et futurs des disciplines intervenant au bloc opératoire » à s’emparer du sujet.
Trois options sont ainsi proposées aux professionnels du bloc. La check-list générique reste valide, tout comme les check-lists spécialisées élaborées par des sociétés savantes ou organisations professionnelles. Une troisième option est désormais disponible avec la conception d’une check-list personnalisée. Conçue en collaboration avec les organismes agréés pour l’accréditation des médecins et des équipes médicales (OA) concernés, elle repose sur un « socle réduit de vérifications impératives », est-il précisé.
L’enjeu, explique la HAS, est de « permettre à chaque équipe de bloc opératoire de disposer d’une check-list adaptée à ses spécificités ». À partir des items essentiels « pour toutes les spécialités et quel que soit le contexte », les professionnels sont « libres d’adapter le contenu et la forme de leur check-list personnalisée », dès lors que les adaptations « ont fait l’objet d’une concertation » avec tous les professionnels concernés.
Un travail de longue haleine
Les adaptations possibles peuvent porter sur le format (papier, numérique, interactif ou non, etc.), la mise en page ou les formulations, mais aussi sur des items supplémentaires, la mention ou le renvoi vers des procédures spécifiques et l’ajout de points d’attention spécifiques (rappels pédiatriques ou encore, avant une anesthésie locorégionale, vérifier le côté et la technique avec « stop ALR »). Une case dédiée aux signatures peut également être ajoutée en cas de demande des instances administrative et médicale de l’établissement.
Cette orientation vers la personnalisation vise à répondre aux difficultés observées dans l’appropriation de la check-list, la nouvelle fiche de la HAS s’adressant aux équipes des blocs, aux sociétés savantes et aux organisations professionnelles. « L’ambition est qu’au cours de la prochaine décennie davantage de jeunes chirurgiens aient bien utilisé la check-list tout au long de leur formation et que la check-list soit totalement intégrée à leurs pratiques au quotidien », soulignent les membres de l’Evoqss. Un usage optimal au bloc est un « travail de longue haleine qui nécessite du temps pour y parvenir, mais aussi des efforts pour (le) maintenir », insistent-ils.
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