« LE MONDE », sous le coup de l’indignation, mais aussi pour s’ériger en chef de file du contre-pouvoir, a décidé de frapper fort. Il a déposé une plainte contre X, pour violation du secret des sources, après avoir appris qu’une enquête avait été lancée par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) pour trouver la personne à l’origine d’informations que le quotidien a été le seul à publier. L’enquête a porté ses fruits puisqu’un conseiller du ministère de la Justice, David Sénat, a été identifié et aussitôt muté à Cayenne, en Guyane. Le ministère a démenti la thèse du « Monde », et affirmé que le sort de M. Sénat n’était nullement lié aux informations sur l’affaire Woerth-Bettencourt. On pourrait penser que gouvernement n’a pas contrevenu à la loi dès lors qu’il n’a pas exigé du journaliste auteur des articles qu’il révèlât ses sources, mais a fait des recherches dans un cadre disciplinaire interne. Malheureusement pour le pouvoir, il a fait passer une loi sur la protection des sources au début de l’année et cette loi interdit toute enquête non seulement sur les journalistes qui publient des révélations mais sur les personnes susceptibles de les leur avoir livrées.
LE COMPORTEMENT DU POUVOIR À L’ÉGARD DE LA PRESSE EST ARCHA??QUE
Le président gère les problèmes sous le coup de la colère ou, en tout cas, avec une rapidité qu’il croit salutaire bien qu’il n’en ait pas dénombré tous les aspects. Quand il donne un ordre, tout le monde obéit sans avoir le courage de lui expliquer qu’il ne peut pas contrevenir à une loi qu’il a lui-même fait adopter. Qu’aucun conseiller présidentiel, que personne au ministère de la Justice, n’ait informé le chef de l’État de l’illégalité de la procédure qu’il a mise en route, voilà qui est consternant.
Il est encore plus consternant que, dans le déluge des dénégations proférées par des membres du gouvernement et de l’UMP, il n’y ait pas eu un esprit sain capable de faire valoir à Nicolas Sarkozy qu’envoyer un homme à Cayenne pour une indiscrétion, c’est offrir à la presse déchaînée et à l’opposition l’extraordinaire symbole d’un cas historique d’injustice, celle qui a été infligée au capitaine Alfred Dreyfus. On aurait voulu peindre en noir la face du pouvoir que l’on ne s’y serait pas mieux pris. Or ce n’est pas la première fois que l’exécutif commet une bourde. Sans passer en revue toutes celles du quinquennat, il suffit de rappeler que nommer, indistinctement et collectivement, les Roms comme cible des évacuations, revenait déjà à briser le pacte éthique de notre démocratie. Mais c’est pire : la Constitution interdit, dans son premier article, toute discrimination raciale ou ethnique. Le gouvernement est parfaitement autorisé à faire le ménage dans des populations qui n’ont pas de titre de séjour, il n’a aucun droit pour désigner un groupe comme objet de son ressentiment. Non seulement, il l’a fait, mais le ministre de l’Intérieur, déjà coupable d’avoir tenu des propos désobligeants à l’égard d’un autre groupe ethnique, a envoyé aux préfets dont le libellé est contraire à la loi, puisqu’il a demandé à ses corrrespondants d’évacuer les camps illicites et en particulier ceux des Roms. Le texte de cette circulaire a été publié par les journaux et, aussitôt, le ministère en changé la teneur pour qu’elle soit conforme au droit. Il est surprenant qu’il n’y ait eu personne, dans l’entourage de Brice Hortefeux, pour lui signaler la grave erreur juridique commise par le premier rédacteur de la circulaire.
Semeur de désordre.
Le plus scandaleux, c’est que le pouvoir, champion du rétablissement de l’ordre, est en train de devenir un semeur de désordre. Les malandrins de toute sorte diront qu’ils n’ont pas à respecter des lois que transgressent ceux qui les font. Le gouvernement ne se contente pas de multiplier les erreurs, il n’en rate pas une. Il se déclare meurtri par la chasse à l’homme à laquelle se livrent la gauche et des journaux, mais à quel moment fait-il ce qu’il convient de faire pour ne pas prêter le flanc à de nouvelles accusations ? M. Sarkozy ne semble pas se rendre compte qu’il dirige une démocratie. Il nourrit contre la presse une colère bien mauvaise conseillère. Il s’est arrogé le droit de gérer la télévision publique, ce qui représnete un retour en arrière de 50 ans. Pourquoi ne pas créer de nouveau un ministère de l’information ? Il pense plus à se venger d’une nouvelle qui le blesse qu’à assurer la liberté d’expression. Il confond le droit avec une puissance, la sienne, qu’il soustrait à ses obligations alors que, en tant que magistrat suprême de ce pays, il a le devoir de protéger toutes les libertés inscrites dans la loi fondamentale. Aujourd’hui, la France de Sarkozy ressemble à celle de Silvio Berlusconi, l’homme qui fait voter des lois autorisant la délinquance en col blanc. Nous n’avons pas seulement besoin d’un nouveau gouvernement, et vite. Nous avons besoin d’un gouvernement dont le premier acte sera de réaffirmer que nos droits constitutionnels seront respectés d’abord et avant tout par le pouvoir.
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