Avec l’arrivée d’antirétroviraux de plus en plus performants, dépister l’infection à VIH a un double intérêt, à la fois thérapeutique en augmentant l’espérance de vie des sujets séropositifs et préventif en diminuant la charge virale et donc le risque de transmission.
Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») publie un bilan de 10 ans d’activité (2003-2013) de dépistage du VIH en France, reconnu comme un axe prioritaire depuis 2011 par le ministère de la Santé. La proposition de dépistage généralisé n’a pas été très largement appliquée. Le nombre de tests réalisés a peu augmenté en 2011 et s’est stabilisé les 2 années suivantes avec 5,2 millions de tests en 2013. Pourtant, la stratégie a gagné en efficacité notamment grâce à l’utilisation des tests rapides d’orientation diagnotique (TROD). L’épidémie de VIH est toujours active en France avec 7 000 à 8 000 nouvelles contaminations par an et le nombre de personnes ignorant leur séropositivité ne se réduit pas. Environ 30 % des sujets découvrant leur séropositivité sont déjà au stade sida ou ont un taux de CD4≤200/mm3. C’est dans ce contexte que le Plan national de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles 2010-2014 a mis l’accent sur le renforcement des stratégies de dépistage et que le ministère de la Santé a systématisé en 2011 la proposition de dépistage à l’ensemble de la population. Depuis 2013, il est recommandé de traiter toute personne infectée par le VIH, y compris si le taux de CD4≥500/mm3.
Les laboratoires d’analyses en première ligne
Selon le « BEH », l’essentiel du dépistage est assuré par les laboratoires d’analyses médicales. En 2013, 5,2 millions de sérologies VIH ont été réalisées, dont près des trois quarts en laboratoires. Les centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG) en ont fait 344 000 (soit 7 %) et le recours aux TROD est estimé à 56 500 tests. Le public touché par ce dépistage communautaire s’est diversifié, avec la part dévolue aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) passant de 69 % en 2011 à 30 % en 2013.
Le nombre de tests a finalement peu augmenté après 2011, et s’est stabilisé ensuite en France entière, dans les 3 interrégions considérées, l’Ile-de-France, la métropole hors Ile-de-France et les départements d’outremer. Les données de 2013 confirment les disparités régionales observées auparavant. Dans les DOM, en Ile-de-France et en PACA, l’activité de dépistage rapportée à la population est de 1,2 à 2,5 fois plus importante que la moyenne nationale.
Augmentation des sérologies positives
Avec 80 sérologies pour 1 000 habitants, la France reste le pays européen qui réalise le plus de dépistages, suivie de la Belgique (63 pour 1 000). Le nombre de tests positifs en 2013 est de 11 000, ce qui correspond à une augmentation de 7 % depuis 2011. Comme le souligne François Bourdillon, directeur général de l’Institut de veille sanitaire dans l’éditorial : « La stratégie semble efficace car, d’une part le taux de séropositivité est de 5,5 pour 1000, et d’autre part, cette action (...) a permis de promouvoir les pratiques de dépistage à l’aide de TROD dans quatre régions très concernées par l’épidémie ».
Le dépistage généralisé montre des limites de faisabilité, que les TROD et l’arrivée des autotests annoncée fin 2014 pourraient dépasser. Le dispositif des TROD en milieu associatif s’est montré capable d’aller à l’encontre de publics éloignés des structures de dépistage : « c’est le cas pour 30 % des personnes en ayant bénéficié en 2013, puisqu’elles n’avaient jamais été testées auparavant ». De plus, la proportion de TROD positif, plus élevée que parmi les sérologies classiques, montre que ce dispositif touche une population particulièrement exposée au VIH. Dans sa conclusion, le « BEH » souligne que l’augmentation des sérologies positives est liée à un dépistage plus ciblé, « qu’il s’agisse du dépistage communautaire par TROD ou de la répétition des tests dans les populations exposées, qui sont les deux autres axes de la stratégie de dépistage du Plan national de lutte contre le VIH/Sida et les IST 2010-2014».
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