ON COMPREND l’hésitation de M. Netanyahou : il est prêt à distribuer beaucoup de postes importants à Kadima et au Labour, il ne saurait d’emblée amorcer l’un de ces virages idéologiques dont il est coutumier, mais qui, en l’occurrence, trahirait trop tôt ses promesses de campagne. Mahmoud Abbas a déjà déclaré qu’il ne négocierait pas avec un gouvernement israélien qui ne s’engagerait pas en faveur de la paix sur la base de la création d’un État palestinien. Ce n’est pas de la surenchère dès lors qu’il tient un langage identique à celui de Mme Livni. M. Netanyahou est donc prisonnier de sa campagne électorale, pendant laquelle il a tenté de faire croire aux Israéliens qu’ils pouvaient faire l’économie d’un accord de paix qui risque d’être illusoire dans un contexte marqué par la violence du Hamas et les menées de l’Iran.
Le risque de l’immobilisme.
Le chef du Likoud et probable prochain Premier ministre est donc condamné à faire alliance avec divers partis religieux ou d’extrême-droite, dont le plus important est Isræl Beteinou d’Avigdor Lieberman. Une telle coalition se traduirait par un total immobilisme diplomatique, en parfaite contradiction avec les urgences et les nécessités que crée le climat de violence. Le seul moyen d’affaiblir le Hamas et d’éloigner la menace iranienne, c’est une détente entre Israël et les Palestiniens, avec des négociations qui, maintenant, peuvent aller vite, et proclamer l’État palestinien. C’est une course contre la montre et si les Israéliens et les Palestiniens parviennent à ce résultat cette année en dépit des provocations auxquelles ne manqueront pas de se livrer les extrémistes, ils couperont l’herbe sous le pied du Hamas par le fait accompli.
De deux choses l’une : soit M. Netanyahou croit pouvoir échapper à ce scénario, et il se trompe. Les bombardements du Hamas et la dure riposte israélienne n’ont pas éloigné un accord de paix, ils l’ont rendu plus que jamais nécessaire. Soit M. Netanyahou, dont la première et peut-être unique ambition est d’occuper le pouvoir, se rend compte que l’environnement géopolitique n’est pas du tout favorable aux procrastinations qui sont la marque de fabrique de sa politique, et il ne peut pas gouverner avec des partis irresponsables. En effet, sur le plan intérieur, la preuve sera vite faite que la sécurité ne va pas avec le statu quo. Sur le plan extérieur, les pressions seront très fortes pour que le gouvernement israélien énonce un calendrier conduisant à la paix. Ces pressions viendront d’abord des États-Unis. Barack Obama considère Mahmoud Abbas comme un interlocuteur essentiel et il s’est clairement engagé à résoudre le problème israélo-palestinien. Ce qui a changé en Amérique, ce n’est pas seulement le pouvoir politique ; c’est aussi la mentalité de la communauté juive, qui commence à critiquer l’immobilisme israélien, c’est le lobby pro-israélien qui pense désormais que la sécurité à long terme d’Israël passe par des accords diplomatiques, que la violence du Hamas risque d’emporter ce qu’il reste d’influence au Fatah et que l’Iran, face à un refus de la paix par Israël, peut embraser les foules musulmanes dans le monde, et enfin qu’une détente entre Israéliens et Palestiniens contribuera à régler d’autres problèmes, notamment celui du terrorisme intégriste.
Livni préfère l’opposition.
Aujourd’hui, aucun gouvernement israélien, en dépit de promesses électorales faciles à faire mais impossibles à tenir, ne peut avoir de crédibilité s’il ne s’engage pas clairement en faveur de la paix. En admettant que M. Netanyahou soit incapable de trahir aussi vite sa parole, le gouvernement qu’il formera avec les religieux et M. Lieberman aura une très courte durée de vie. Pourquoi ? Parce qu’il essaiera d’être fidèle à ses propres idées, tentera de faire régner l’ordre sans accomplir d’avancée politique et combattra le Hamas avec les mêmes moyens militaires, ce qui augmentera encore les pressions venues d’ Amérique et d’Europe. Voilà pourquoi Tzipi Livni dit qu’elle préfère rejoindre l’opposition : c’est une question de patience. Bien entendu, Israël, la Palestine et le reste du monde se seraient bien passés de ce nouveau délai dû au seul désir d’un homme de s’emparer du pouvoir. Mais il était tout à fait logique, pour Kadima et les travaillistes, de ne pas participer à une grande coalition dépourvue de tout projet cohérent. De même qu’il est logique que le Likoud essuie un échec avant de se rendre aux arguments de Tzipi Livni et de Ehud Barak (travaillistes). M. Netanyahou sera plus à l’aise pour participer à une large coalition si la preuve est administrée que, sans un projet de paix, un gouvernement est voué à l’échec.
UN GOUVERNEMENT DU LIKOUD NE DURERA PAS LONGTEMPS
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