MANDELA combattant puis chef d’État (1994 et 1999) a peu parlé du sida. En Afrique du Sud, le sujet était polémique et tabou. Comme l’explique Didier Fassin, médecin, sociologue et anthropologue, deux traits singuliers caractérisent la situation sud-africaine : la racialisation du débat, d’une part, et la théorie du complot qui se développe autour de l’industrie pharmaceutique et plus largement de la médecine et de la santé publique. Mbeki qui lui succède remet même en question l’existence même du virus VIH. Mandela fait cette fois encore montre de l’étonnante liberté d’esprit qui le caractérise. Dès 2000, à la conférence internationale sur le sida à Durban, il déclare : « L’Histoire nous jugera durement si nous ne faisons rien ».
Il se prononce en faveur de l’accès gratuit aux antirétroviraux, une prise de position radicale à un moment où le Congrès national africain au pouvoir s’oppose à leur distribution dans les hôpitaux publics. Isolé au sein de son parti, il se rend auprès d’un militant de la lutte anti-sida Zackie Achmat pour le convaincre de cesser sa « grève des médicaments ». Malade du sida, le leader de la coalition Treatment Action Campaign (TAC), refusait de se soigner tant que le gouvernement n’offrait pas l’accès aux ARV gratuits pour tous. Son attitude impressionne Nelson Mandela.
Accès aux antirétroviraux.
Un an plus tard, le gouvernement Mbeki approuve un programme limité d’accès aux ARV dans les hôpitaux publics. La même année. Mandela crée en 2002 sa propre fondation qui offrira les premiers ARV aux patients en Afrique du sud. Celle-ci lancera la campagne mondiale « 46664 » (en référence à son matricule de prisonnier) pour sensibiliser et récolter des fonds grâce à une série de concerts géants, avec des vedettes comme le chanteur Bono du groupe U2.
En 2003, lors de la deuxième conférence de l’International Aids Society (IAS) à Paris, il a devant un public très impressionné, dénoncé « le travestissement des droits de l’homme » que constitue l’inaccessibilité des traitements. « Nous devons apprendre à contrôler la maladie, a-t-il rappelé. Sinon, c’est elle qui nous contrôlera », avait-il lancé.
En janvier 2005, il montrait une nouvelle fois l’exemple en annonçant le décès à 54 ans de son fils aîné, Makgatho. « Depuis quelque temps déjà, je dis qu’il faut parler publiquement du sida et ne pas le cacher. Le seul moyen de montrer qu’il s’agit d’une maladie normale, comme la tuberculose ou le cancer, est de dire ouvertement que quelqu’un est mort du sida », avant d’ajouter : « Je vous ai convoqués ici aujourd’hui : pour annoncer que mon fils est mort du sida ».
Les obsèques de Nelson Mandela devraient se dérouler dans une dizaine de jours.
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