Après l'annonce d'Agnès Buzyn de l'impossibilité technique de généraliser le tiers payant à tous les patients dès décembre, un droit pourtant inscrit dans la loi de santé, les syndicats de médecins libéraux expriment leur satisfaction – plusieurs organisations revendiquant la paternité de ce changement de cap.
Actant sans fioritures la « mort du tiers payant généralisé », la CSMF se montre élogieuse avec la ministre, qualifiant cette annonce de « premier acte pour retrouver la confiance des médecins libéraux ». Le syndicat du Dr Jean-Paul Ortiz, « opposé à un tiers payant obligatoire pour tout et pour tous », rappelle qu'il défend le tiers payant social, « à l'appréciation du médecin ». « Nous n'avons eu de cesse de dénoncer le dispositif, casse-tête administratif et bureaucratique, faisant du médecin un contrôleur au lieu d’un soignant », souligne la centrale syndicale, pour qui cette décision « rompt avec le dogmatisme du précédent quinquennat ».
MG France « se félicite » aussi de cette annonce établissant que « le tiers payant généralisé obligatoire prévu par la loi de santé n'aura pas lieu », décision qui s’appuie sur un rapport de l’IGAS mis en ligne ce lundi. Le syndicat de généralistes avait particulièrement dénoncé le caractère « impraticable » du tiers payant complémentaire et l’absence de garantie de paiement « incompatible avec les contraintes d’un exercice libéral ». « Les généralistes réalisent 74 % de leurs actes en tiers payant lorsque celui-ci est garanti et en un seul flux comme en cas d’ALD », rappelle MG France, pour qui la solution la plus simple pour faciliter l’accès financier aux soins reste « la suppression du ticket modérateur en soins primaires ».
De leur côté, les jeunes médecins du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) applaudissent le constat ministériel qui « a acté qu'il y avait encore beaucoup de freins à la réalisation du tiers payant ». « Nous souhaitons suivre plus facilement les remboursements et ne pas avoir à appeler des centaines d’organismes sur du temps que nous n’avons pas, souligne le Dr Yannick Schmitt, vice-président. Le tiers payant est un très bon outil, mais il ne sera utilisé que s’il est facile à mettre en œuvre et qu’il fonctionne réellement. »
L'esprit et la loi
Soulagement également au Syndicat des médecins libéraux (SML) qui se réjouit du « pragmatisme de la ministre de la Santé et de sa volonté d’ouvrir le dialogue afin de remettre à plat ce dossier ». Le syndicat réaffirme son opposition au TPG obligatoire imposé dans la loi Touraine et en propose l’abandon pur et simple, car il conduit à une « dérive bureaucratique de l’exercice ». Compte tenu « des situations de précarité », et face à la réalité des impayés, le SML se dit « prêt à étudier des systèmes de dispense d’avance de frais indépendants des organismes payeurs ».
Le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, met lui aussi en avant le pragmatisme d'Agnès Buzyn mais fait valoir que les libéraux restent « sous la menace de la loi » qui a inscrit le tiers payant généralisé obligatoire au 30 novembre. « Nous demandons qu'il y ait au moins un décret pour annuler la disposition, insiste le Dr Hamon. Pour l'instant, le gouvernement s'est retiré une épine du pied et se retranche derrière le problème technique. »
Cette demande d'abrogation claire et nette du TPG est également portée par le président de l'UFML Syndicat, le Dr Jérôme Marty. Pour le généraliste, le tiers payant est « déjà généralisable » et sa mise en place ne peut être repoussée sans nouvelle loi rectificative.
Entendu sur TF1 " la mise en œuvres du TPG sera repoussée " rappel : la loi ouvre le TPG obligatoire le 30 novembre et la loi c'est loi !
— DrMartyUFML (@Drmartyufml) 22 octobre 2017
L’UFML envisage un mot d’ordre d’arrêt généralisé d’activité « en l’absence d’assurance de suppression du tiers payant généralisé et au premier signal de sa mise en place concrète ».
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