Plus d’un mois après l’annonce de la fin prématurée de l’étude Ipergay sur l’efficacité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) dans une population d’homosexuels masculins séronégatifs, l’association française de lutte contre le sida AIDES, co-investigateur de l’essai, plaide pour l’ouverture de la PrEP à l’ensemble des populations vulnérables en s’appuyant sur les résultats d’une enquête menée auprès de 3 000 personnes.
« Présenter la PrEP comme un outil uniquement destiné à la population homosexuelle masculine aisée, c’est risquer de la décrédibiliser », explique Daniela Rojas-Castro, coordinatrice de recherche communautaire à la MIRE (Mission Innovation, Recherche, Évaluation) de l’association AIDES. Pour ce docteur en psychologie, « la prophylaxie pré-exposition doit s’adresser à toutes les populations à risque : migrants, transsexuels, travailleurs du sexe et consommateurs de drogues ».
L’association AIDES appuie son plaidoyer pour une future autorisation de la PrEP à une large population sur les résultats de l’enquète Flash PrEP coordonnées par Daniela Rojas-Castro. Les investigateurs ont remis un questionnaire papier anonyme à 928 personnes et ont également fait appel aux réseaux sociaux et à plusieurs sites internet communautaires qui ont permis de collecter 2 096 réponses via un questionnaire en ligne, soit un total de 3 024 réponses, dont plus de la moitié proviennent d’homosexuels masculins.
Un outil encore méconnu
Il ressort de leur enquête une certaine méconnaissance de la PrEP : 17,8 % des femmes, 32,5 % des hommes hétérosexuels et 46 % des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) en avaient entendu parler avant de remplir le questionnaire. Malgré cela, une forte proportion des personnes interrogées s’est déclarée intéressée par cet outil de prévention : 36,4 % des femmes, 45,8 % des hommes hétérosexuels et 62,1 % des HSH. Au total, 36,7 % des répondants ont affirmé avoir l’intention de rentrer dans un dispositif PrEP, dont 11,1 % le feraient « sans hésiter ».
La chasse à la PrEP « sauvage »
« Il y a un résultat auquel on ne s’attendant pas : 4,5 % des répondants ont déjà eu recours à un traitement préventif », poursuit Daniela Rojas-Castro, pour qui ces PrEP « sauvages » justifient « la mise en place d’un cadre et d’un suivi pour ceux qui souhaite utiliser ce moyen de prévention. »
La PrEP n’est pas autorisée en France, l’Agence nationale du médicament et des produits de santé s’est cependant autosaisie et réfélchit en ce moment à l’établissement d’une recommandation temporaire d’utilisation. Fin octobre dernier, le comité d’éthique de l’étude Ipergay sur l’évaluation PrEP à la demande dans la prévention de la transmission sexuelle du VIH à des homosexuels masculins sains a décidé d’ouvrir l’accès à la PrEP à la demande à l’intégralité des 400 volontaires sains de l’étude, la stratégie permettait en effet une réduction du risque de contamination d’environ 80 %.
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