ON TIENDRA COMPTE aussi de l’activisme anti-chrétien d’Al Qaïda. À Bagdad, une prise d’otages pendant un office religieux dans une église de rite assyrien, qui s’est traduite par la mort de 58 personnes, la plupart des femmes et des enfants, et 68 blessés. En Égypte, il est notoire que les coptes sont persécutés. Al Qaïda prospère sur l’intolérance des musulmans du monde arabe à l’égard des minorités chrétiennes, ce qui devient une très grande préoccupation internationale. On est donc bien obligé d’admettre que, en dépit de leurs revers au Waziristan et au Pakistan, où ils tombent come des mouches sous les bombardements ultra-précis des drones américains, les partisans de Ben Laden gardent une énorme capacité de nuisance, même s’ils ne peuvent plus monter des opérations spectaculaires comparables à ce qu’ils ont fait aux États-Unis, en Espagne et en Grande-Bretagne. La France n’est pas à l’abri, qui est confrontée au terrorisme de Al Qaïda-Maghreb islamique (AMQI), lequel détient sept otages depuis plusieurs semaines et exige le retrait de nos forces en Afghanistan et l’abolition de la loi sur l’interdiction de la burqa en France.
Compter sur le renseignement.
Barack Obama a déclaré qu’il s’en prendrait militairement à Al Qaïda au Yémen, mais il le fait déjà, avec l’accord du gouvernement yéménite, sous la forme d’opérations ponctuelles contre les terroristes. Le danger serait d’envisager d’envoyer sur place des troupes américaines et ouvrir un nouveau front alors que se referme celui d’Irak et que neuf années de combats en Afghanistan n’ont pas liquidé les Taliban. Le Yémen, montagneux, extrêmement pauvre et montagneux représente aujourd’hui une base arrière pour tous les terroristes pourchassés en Afghanistan ou en Irak. Il souffre surtout d’une réunification entre le Sud et le Nord qui ne convient guère aux Yéménites, en rebellion permanente contre tout pouvoir central, d’un gouvernement démuni, corrompu et incompétent et d’un tribalisme irrédentiste. Y mettre les pieds serait s’exposer à des déboires comparables à ceux d’Afghanistan.
Bien que le tableau soit plutôt sombre, on notera que, tandis que Ben Laden et ses lieutenants multiplient leurs menaces sur cassette ou vidéo, leur dernier « coup d’éclat » remonte au 11 septembre, et que chaque fois qu’ils ont tenté de monter de nouveau une opération du même genre, ils ont échoué. Dans certains cas, comme l’attentat manqué dans un avion de ligne américain, c’est la chance, ou la vigilance des passagers, qui a eu raison de la tentative ; dans d’autres, comme les colis piégés venant du Yémen, c’est la procédure de contrôle et de sécurité qui a évité la catastrophe. De sorte que la meilleure parade n’est pas le débarquement et la guerre, mais le renseignement et l’inlassable activité des services secrets occidentaux. Une nouvelle menace est apparue : le recrutement par les organisations terroristes de citoyens -français ou américains- de confession musulmane qui se sont rendus au Pakistan pour être formés aux attentats-suicides. Elle exige une plus grande minutie dans les contrôles au départ de France, des États-Unis ou de Grande-Bretagne et, malheureusement, des restrictions à la liberté de se déplacer. Mais il vaut mieux que les services de renseignements soient trop curieux et contrôlent les passagers en prenant en compte de leurs patronymes que d’ouvrir un nouveau front au Yémen ou en Somalie, autre creuset du terrorisme.
Nous n’en aurons pas fini de sitôt. Il est clair que les pays occidentaux ne peuvent pas s’offrir une nouvelle guerre, comme il est clair que, dans nos sociétés ouvertes, les apprentis terroristes bénéficient d’un avantage dont il faut les priver. Les jeunes gens ralliés au djihad ne prennent pas un billet pour le Pakistan, ils font escale au Proche-Orient, notamment à Dubaï pour éviter les soupçons. il faut que nos services soient malins qu’eux. Il ne serait pas inutile que leurs familles leur posent des questions sur leurs intentions et contestent leurs projets. En tout cas, ce n’est pas la guerre tout court qui nous protégera mais celle de l’ombre.
N’OUVRONS PAS UN NOUVEAU FRONT. POURSUIVONS LA GUERRE DE L’OMBRE
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