LE VIOL du jeune engagé appartenant à l’équipe de gymnastique de la BSPP (unité militaire de 8 500 hommes et femmes, implantée à Paris et dans les trois départements de la Petite couronne) serait survenu lors d’une séance de bizutage, en présence d’un officier, selon les premiers éléments de l’enquête. La scène aurait été filmée sur le téléphone portable de la victime. L’avocat des deux sapeurs-pompiers de Paris ayant porté plainte a indiqué que les onze pompiers mis en examen (dont un pour viol et deux pour agression sexuelle) ont « avoué les violences subies par les deux victimes » même si le viol n’a pas été reconnu. L’un d’entre eux a été incarcéré. Me Nicolas Cellupica a annoncé parallèlement que « de très nombreux pompiers et anciens pompiers » l’avaient contacté et qu’une association était en cours de création « pour dire stop à ces agissements et barbaries » et « accompagner les victimes de ces agissements ». Les pompiers prêts à adhérer à l’association « demandent l’arrêt du bizutage », qui consiste en « des actes indignes de la personne humaine, des actes honteux », et « demandent à ce qu’il y ait des formations effectuées à l’école des pompiers de Villeneuve-Saint-Georges et des sensibilisations à de tels actes », a-t-il ajouté.
Un délit depuis 1998.
« Nous recueillons chaque année des témoignages pour 25 affaires de bizutage », indique la présidente du Comité national contre le bizutage (CNCB), Marie-France Henry qui constate que « la majorité de ces affaires touche le milieu éducatif puis les militaires ». Mais en réalité, face au règne de la « loi du silence », il est très difficile d’obtenir des chiffres précis. Depuis la loi du 17 juin 1998, le bizutage est reconnu comme un délit, puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende, que « la victime soit consentante ou non », précise le texte. Formellement, le bizutage est « le fait d’amener une personne à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et socio-éducatif, quel que soit le lieu où elles se déroulent ».
Pour la secrétaire générale du CNCB, Françoise Mougin, l’existence de ce texte permet de responsabiliser les agresseurs et les chefs d’établissements mais aussi d’expliquer que la pratique du bizutage n’a rien de commun avec un rituel. « Il est vrai que le bizutage est volontiers présenté par ceux qui le pratiquent comme un rite de passage », commente le psychiatre Samuel Lepastier. « Ce qui fait problème en effet ce n’est pas tant l’expression d’une exubérance plus ou moins marquée d’un groupe de jeunes mais bien qu’elle soit présentée comme un passage obligé pour accéder à une maturité plus grande ». Pour le psychiatre, il s’agit bien là « d’une escroquerie intellectuelle ». Celui qui dénonce une telle pratique a le sentiment d’avoir échoué à l’épreuve initiatique.
Pourtant, rappelle le Dr Pastier, ces épreuves n’ont rien de symbolique. « Je crois que c’est en montrant qu’on ne retire ni gloire, ni honte à participer ou non à ces actes que spontanément, la parole va se libérer », poursuit-il. Les conduites délinquantes doivent être désacralisées pour en rompre le caractère obligatoire. Faute de quoi, « la seule issue est qu’à la rentrée suivante soit répété sur les nouveaux arrivants ce qui a été initialement subi, avec, bien entendu, une tendance à l’exagération pour tenter de surpasser les aînés ».
Abus d’alcool.
Selon Jean-Pierre Delarue, président de l’association SOS Bizutage, « il est important que les étudiants aient conscience qu’ils ont le droit de refuser d’aller aux week-ends d’intégration où l’abus d’alcool, facteur aggravant, entraîne parfois des dérapages ». « Ce qui est nouveau, c’est qu’on emmène les jeunes loin de chez eux, en leur empruntant parfois leur téléphone portable », met-il en garde en précisant que chacun doit prendre ses responsabilités : organisateurs, directions d’établissement, gendarmerie. En 2010, Valérie Pécresse, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, avait rédigé une circulaire afin d’alerter les dirigeants d’établissements « à la plus grande vigueur pour prévenir toute action de bizutage ». Un numéro d’appel a été mis en place dans chaque rectorat afin de faciliter les signalements.
En ce qui concerne la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, le général Gilles Glin a annoncé la dissolution de l’équipe de gymnastique de l’unité. Parallèlement à l’enquête judiciaire, le commandement de la brigade va mener une enquête interne. Le lieutenant-colonel Pascal Le Testu, porte-parole de la BSPP a par ailleurs démenti « formellement toute complaisance du commandement vis-à-vis du bizutage, des actes humiliants et dégradants ». Le bizutage « est contraire à nos valeurs, il est strictement interdit par le commandement et tout manquement est lourdement sanctionné », a-t-il ajouté.
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