L’ENQUÊTE ENEIS publiée par la Direction de la recherche, de l’évaluation, des études et des statistiques (DREES, mai 2011) montre que la fréquence des événements indésirables graves (EIG) survenus pendant l’hospitalisation est, en 2009, de 6,2 EIG pour 1 000 jours d’hospitalisation, soit environ un EIG tous les cinq jours dans un service de 30 lits. Stable par rapport à l’édition de 2004, « ce résultat peut paraître décevant de prime abord », note les auteurs. « Pourtant, compte tenu de la modification de la structure d’âge des patients hospitalisés, de la complexité technique des actes et des prises en charge et des modifications des conditions de travail, avérées sur la période étudiée, une partie des experts s’attendaient en fait à une hausse de la fréquence des EIG entre 2004 et 2009 ». En outre, poursuivent-ils, cette stabilité ne doit pas masquer « les progrès réalisés ces dernières années dans le domaine de la lutte contre les infections nosocomiales ou en anesthésie-réanimation par exemple ».
Menée en 2009 par le Comité de coordination de l’évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine, l’enquête s’est portée sur un échantillon de 251 services de chirurgie et de médecin, sur la base de 8 269 séjours de patients et 31 663 journées d’hospitalisation. Par ailleurs 4,5 % des séjours étaient causés par un EIG, dont 2,6 % par un EIG évitable. « Si les EIG peuvent sembler nombreux dans l’absolu, ils sont peu fréquents, relativement au nombre de journées d’hospitalisation et au nombre d’admissions réalisées chaque année », relèvent les auteurs. Associés le plus souvent aux actes invasifs, les EIG qui surviennent pendant l’hospitalisation sont plus fréquents en chirurgie qu’en médecine (respectivement 9,2 contre 4,7 EIG pour 1 000 jours d’hospitalisation). En revanche, la proportion d’admissions causées par un EIG est significativement plus élevée en médecine qu’en chirurgie (5,3 % contre 3,4 %) et est liée, en grande partie, aux produits de santé. Sur les 6,2 EIG (en moyenne pour 1 000 jours d’hospitalisation), la répartition des conséquences se fait de manière assez équilibrée entre la prolongation d’hospitalisation, la mise en jeu du pronostic vital et l’incapacité à la sortie. En ce qui concerne les EIG causes d’admissions, leur conséquence principale est une hospitalisation (2,5 % sur 4,5 %).
Supervision et communication
L’étude met également en évidence des populations de patients pour lesquelles l’incidence des événements indésirables, en particulier évitables, est plus élevée. Ainsi, parmi les EIG survenus pendant l’hospitalisation, plus de 80 % sont associés à la fragilité du patient (âge, maladie grave, existence de comorbidités, état général altéré) et 1/5 des cas à son comportement (non compliance, refus de soins). La plupart des EIG adviennent à la suite de soins non appropriés mais aussi en raison de retards ou d’erreurs lors de la délivrance de soins. Ils sont le plus souvent associés à acte thérapeutique. Le facteur humain, en particulier le manque de supervision ou de communication entre soignants, est « déterminant » dans leur survenue. Ces résultats suggèrent des pistes d’action prioritaires, « notamment en ce qui concerne l’organisation des ressources humaines, le management des équipes et le développement de méthodes de travail spécifiques ».
Une étude complémentaire portant sur l’acceptabilité des risques en population générale et chez les médecins (cofinancée par la DREES et la Haute Autorité de Santé) montre que les EIG sont mieux acceptés par les médecins, qui ont une meilleure connaissance des risques. À tel point que les EIG, représentant des complications connues dans la prise en charge, ne sont pas toujours identifiés comme des événements évitables. « Là encore, la formation (initiale et continue) des professionnels de terrain en matière d’analyse des événements indésirables est une priorité. La culture de la sécurité du patient doit continuer d’être développée », insistent les auteurs. Ils estiment enfin que les programmes de gestion des risques ne doivent plus être orientés sur le seul champ du préventif mais également sur la récupération des événements indésirables. « En effet, le risque zéro n’existe pas et il convient de travailler à minimiser les conséquences des EIG : actuellement, les EIG ayant pour seule conséquence une hospitalisation ou une prolongation d’hospitalisation de quelques jours ne représentent qu’un peu plus de la moitié des EIG », remarquent-ils.
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