Quels sont les types de métiers et probablement d’expositions professionnelles les plus associés à un risque d’asthme aux États-Unis ? Les emplois dans le secteur de la santé ! Comme quoi ce ne sont pas nécessairement les travailleurs auxquels on aurait de prime abord pensé qui sont aujourd’hui les plus exposés… C’est ce que révèle un travail mené outre-Atlantique par le CDC sur les données de la cohorte NIHS 2011-2016 restreinte aux adultes ayant eu un emploi dans les douze derniers mois. Données ayant permis, après extrapolation, une estimation nationale représentative.
Jeunes, femmes, Noirs et pauvres plus exposés
Aux États-Unis, la prévalence de l’asthme chez l’adulte est estimée à 8 %, et le taux d’exacerbation à 50 % par an. Selon le travail du CDC, la prévalence est autour de 7 % (6,8 %), chez les travailleurs adultes en 2011-2016. Parmi eux, 45 % font au moins une exacerbation et 10 % consultent au moins une fois aux urgences pour ce motif dans l’année. Prévalence, taux d’exacerbations et consultations aux urgences varient assez largement avec l’âge, le sexe, l’ethnie et divers marqueurs socio-économiques.
L’asthme est plus fréquent chez les plus jeunes — 8,5 % chez les 18-24 ans —, mais aussi chez les femmes (8,9 %), les Noirs non hispaniques (8,2 %) et les plus pauvres (8,7 %). Le taux d’exacerbations est sensiblement plus élevé chez les plus âgés (47 % chez les 45-64 ans), les femmes (48 %) et, sans surprise, les plus pauvres (49 %), ainsi que chez les travailleurs sans couverture médicale (47 %). Quant aux consultations aux urgences, elles sont plus fréquentes chez les pauvres (17 %), les Noirs non hispaniques (17,6 %), en absence de couverture médicale (14,4 %), d’études au-delà du lycée (13,3 %), chez les femmes (11,7 %) et les jeunes de 18-45 ans (10,5 %).
Santé et social, secteur éducatif, transport, vente
L’analyse en fonction des secteurs d’occupation met en évidence que les travailleurs dans le domaine de la santé et de l’assistance sociale professionnalisée sont les plus touchés par la maladie asthmatique. La prévalence de l’asthme dans ces secteurs n’est pas loin de 9 % (8,8 %), versus 7 % sur l’ensemble des secteurs. Le secteur éducatif les suit de près, avec une prévalence de 8,2 %. C’est aussi dans ces secteurs que, en valeur absolue, on enregistre le plus d’exacerbations et de visites aux urgences.
Néanmoins, c’est dans les secteurs du transport et des entrepôts que le taux d’exacerbations est maximal (51,7 %), et dans celui de la vente au détail que le taux de consultations aux urgences est le plus important (12,4 %).
Désinfectants, aérosols…
L’augmentation de la prévalence de l’asthme dans certains secteurs est très probablement en rapport avec une exposition professionnelle. Pour prévenir l’asthme lié au travail, la clé est le contrôle de l’exposition et, si cela ne suffit pas, sa suppression. Or les produits désinfectants, nettoyants, les gants en latex poudrés, les aérosols médicamenteux favorisent l’asthme. Les produits chimiques irritants, les poussières, le tabagisme passif, les allergènes, le stress émotionnel et l’effort physique aussi. Pour le CDC, ces données de prévalence devraient aider les autorités sanitaires américaines à cibler les lieux où des enquêtes détaillées pourraient aider à améliorer la prévention de l’asthme au travail.
Qu’en est-il en France ? Il est probable que l’on trouverait le même type de résultats. Or, dans les secteurs de la santé, manifestement très exposés, on est aujourd’hui loin d’en être conscient.
(1) Mazurek JM and Syamlal G. http://dx.doi.org/10.15585/mmwr.mm6713a1
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