Quel est le point commun entre le tiers payant généralisé et Notre dame des Landes ? Entre une mesure qui se voulait sociale et altruiste et qui est retombée, in extremis, comme un soufflé et le projet d’un aéroport reporté aujourd'hui plus loin que les calendes grecques ?
Au premier abord, aucun. Et pourtant il y en a un. Ce point commun est une signature, celle de Monsieur Macron, président. C’est en effet avec le même modus operandi que ce dernier a remisé le premier dans un placard et désamorcé la grenade dégoupillée que finissait par devenir le second.
Pourtant, lorsque l’on était au cœur des événements de l’une et de l’autre, il était encore permis de s’interroger : « Mais quelles décisions notre président va-t-il bien prendre ? » Dans ces deux situations, il ne lui revenait en fait que la charge de dire oui ou non. Choix élémentaire quant au verdict à prononcer, mais certainement complexe dans la réflexion qui devait y conduire.
Cependant, en se penchant rétrospectivement sur ces deux sujets, on peut convenir de manière à peu près certaine que les décisions de Monsieur Macron n’ont pas été prises au terme d’interminables tergiversations et états d’âme de dernière minute… mais bien en amont. D’abord, parce qu’un homme politique ne traite pas les affaires comme un tennisman monte au filet et décide de terminer le point « à la volée » parce qu’il a perçu, une fraction de seconde plus tôt, qu’il pouvait le faire. Ensuite, parce que Monsieur Macron n’est pas le moins du monde quelqu’un de primesautier. Enfin, parce que son choix est certainement le fruit d’une réflexion collégiale… Collégiale au moins et peut-être principalement avec son épouse.
Si l’écart d’âge dans le couple présidentiel est un fait insolite qui, au moment de l’élection, a étonné l’ensemble de la scène politique mondiale, il est assurément pour le président un atout majeur. Monsieur Macron n’est pas un impulsif que la fougue de la jeunesse emporterait sur des chemins improbables. Mais, la vision que confère l’âge étant en premier lieu le privilège de ceux qu’ils l’ont, Brigitte, au demeurant femme très cultivée, a de la sagesse et de la pondération à revendre. Dans ce couple, l’osmose intellectuelle est assurément parfaite. Si un seul cerveau prend les décisions, il est impossible que les réflexions ne se fassent pas à deux.
Voici quel a pu être le cheminement de la pensée du président, le conduisant à ses choix : « J’ai pour ambition de mener des projets bien déterminés à leur terme. La route d’un homme d’État est forcément semée d’embûches.
Ces avatars sont, dans les cas présents, des héritages de mes prédécesseurs et des obstacles que l’adversité a donc mis sur mon chemin. J’aurais préféré que les décisions les concernant fussent prises avant mon arrivée. Ce qui ne signifie pas que sur ces sujets, je ne porte pas d’avis. Ceci ne veut pas dire non plus que dans d’autres circonstances, j’aurais pris, les concernant, les arrêtés que je prends aujourd’hui.
Mais, j’entends ne pas me trouver dérouté par leurs fâcheuses présences et l’incertitude que leurs acceptations auraient risqué d’engendrer sur mon chemin politique : des zones de turbulences à la durée imprévisible. Je n’ai aucunement l’intention d’entrer en conflit avec une corporation ; je ne formule pas le souhait de me braquer contre tel ou tel groupe ou groupuscule que le cours dès événement à fait chavirer dans l’illégalité.
Cela risquerait d’empoisonner mon quotidien pour un temps incertain, au détriment des autres projets que j’envisage de mener à leur terme et qui à mes yeux ont une tout autre importance. Gouverner, n’est-ce pas aussi savoir anticiper ! Évidemment, d’aucuns penseront que mon attitude signe un manque de courage politique, certains diront plus trivialement que je me contente de « botter en touche ». Et peut-être d’ailleurs y a-t-il une part de vérité dans cette hypothèse ; je ne le nie pas. Mais, mon bon sens et mon flair me font penser que c’est ainsi qu’il est préférable que j’agisse, alors c’est ainsi que j’agirai, sans états d’âme. Telle est ma vision du cours des évènements.
Nous, responsables de la cité, sommes tous à un moment ou à un autre, volontairement ou non, des fils spirituels de Machiavel. Si, pour le grand public il ne reste souvent de ce personnage que la connotation péjorative du mot « machiavélique », à mes yeux, sa perception de l’univers de la politique demeure d’une justesse incomparable.
J’adhère totalement à l’aphorisme : "La fin justifie les moyens", formule qu’il n’a peut-être jamais prononcée mais qui lui sied si bien. »
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