Le constat est encourageant. Le nombre de découvertes de séropositivité VIH tend à diminuer en France, alors que l'activité de dépistage augmente, annonce Santé Publique France (SPF) dans le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » (BEH) à l'approche de la Journée mondiale de lutte contre le sida le 1er décembre.
Près de 6 200 nouveaux cas de séropositivité sont rapportés pour 2018, ce qui correspond à une baisse de 7 % par rapport à 2017. « Il y a un début de tendance à la baisse, a expliqué au "Quotidien" le Pr François Dabis, président de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS). Le phénomène est plus marqué chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Il faut rester prudent mais on sent qu'il se passe quelque chose ».
La prévention combinée, une stratégie qui semble fonctionner
L'enquête Rapport au sexe (ERAS) révèle ainsi une augmentation de la proportion de personnes réalisant fréquemment des tests de dépistage parmi les HSH, le groupe le plus touché par le VIH, en particulier parmi les utilisateurs de PrEP résidant en Île-de-France.
Dans l'éditorial, Valérie Delpech, directrice de la surveillance et du contrôle du VIH au Public Health England à Londres, souligne le succès de la prévention combinée, - dépistage, prophylaxie pré-exposition (PrEP), Traitement comme prévention, TasP, prophylaxie post-exposition - notamment chez les HSH. « Des villes comme Paris, Londres, San Francisco et Sydney apportent la "preuve de concept" que la prévention combinée fonctionne et pourrait éliminer le VIH », écrit-elle.
Le dépistage augmente mais pas assez
Plus de 5,8 millions de tests VIH ont été réalisés en laboratoires en 2018, rapporte SPF. Entre 2013 et 2018, l'activité de dépistage a augmenté régulièrement (+11 %) et s'est accompagnée d'une diminution du taux de séropositivité. Le très grand nombre de tests effectués répond à la stratégie établie par la HAS selon laquelle toute personne doit être testée au moins une fois dans sa vie entre 15 et 70 ans et de façon plus fréquente dans les populations les plus exposées (tous les 3 mois chez les HSH, une fois par an pour les migrants).
Ces objectifs de dépistage ne sont pas atteints. Près du tiers des HSH et la moitié des hétérosexuels diagnostiqués pour une infection à VIH en 2018 n'avaient jamais été testés auparavant, rapporte SPF. Plus de la moitié des hommes et près d'un tiers des femmes n'ont jamais été dépistés pour le VIH. Plus d'un quart des personnes (n = 1 700) ont découvert leur séropositivité à un stade avancé de l'infection.
Des populations clés à mieux cibler
Même si les populations clés sont mieux dépistées que les autres, environ une personne née en Afrique subsaharienne sur 5 et un HSH sur 5 n'ont jamais été testés pour le VIH au cours de sa vie. Aucune diminution n'a été constatée chez les HSH nés à l'étranger et chez les femmes hétérosexuelles nées à l'étranger.
D'autres pays européens enregistrent une baisse des nouveaux diagnostics depuis plusieurs années, notamment en Autriche, Belgique, Finlande, Allemagne, Grèce, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni, rapporte Valérie Delpech. « Notre défi est de n'oublier personne, quels que soient son sexe, sa sexualité, son pays de naissance et son lieu de vie », conclut-elle.
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