Plan de soutien aux soignants, prise en charge des malades en situation de crise, objectifs mondiaux pour l’obésité, le diabète, la santé mentale ou l’alcool, stratégies sur la santé bucco-dentaire et sur la sécurité sanitaire des aliments… Les délégués de l’Assemblée mondiale de la santé, organe de gouvernance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réunissant ses 194 États membres, ont validé un « nombre record » de recommandations sur les maladies non transmissibles (MNT) à l’occasion de sa 75e édition, du 22 au 28 mai à Genève.
À côté des travaux préparatoires à la 4e réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur la prévention et le contrôle des MNT qui se tiendra en 2025, les délégués ont planché sur les priorités sanitaires mondiales. Pour cette première rencontre en présentiel depuis le début de la pandémie, l’ordre du jour a été marqué par les leçons à tirer de la crise sanitaire, mais aussi par le conflit en Ukraine, deux crises récentes qui ont rappelé que « les personnes vivant avec des MNT (sont) à risque », souligne un communiqué.
Augmenter le nombre de soignants
Les délégués ont approuvé des recommandations sur les politiques à mettre en œuvre pour « prévenir et prendre en charge les MNT dans les situations d’urgence humanitaire », en assurant notamment « la résilience des systèmes de santé et des services et infrastructures sanitaires ». L’OMS est ainsi chargée d’élaborer des orientations techniques pour les plans nationaux, notamment l'anticipation d'achat et de déploiement de médicaments, comme l’insuline.
En parallèle, le Plan d’action « S’engager pour la santé » (2022-2030) vise à « faire progresser rapidement les capacités » en personnels de santé et d’aide à la personne, (planification, financement, formation, performance, protection). L’OMS estime que le déficit mondial en personnel de santé a été réduit de 15 millions en 2020 et devrait être ramené à 10 millions d’ici à 2030. L’Organisation insiste sur l’application du principe de précaution dans le recrutement international de soignants « en provenance de pays confrontés à de graves pénuries de main-d’œuvre ».
L’Assemblée a également validé une série de mesures visant à réduire les décès dus aux MNT. Les délégués ont adopté un premier ensemble d’objectifs mondiaux contre le diabète, l’une des 10 premières causes de mortalité dans le monde. D’ici à 2030, l’ambition est de faire en sorte que « 80 % des personnes atteintes de diabète aient été diagnostiquées ; 80 % des personnes atteintes de diabète maîtrisent bien leur glycémie ; 80 % des personnes dont le diabète a été diagnostiqué maîtrisent bien leur tension artérielle ; 60 % des personnes atteintes de diabète à 40 ans ou plus reçoivent des statines ; et 100 % de toutes les personnes atteintes de diabète de type 1 aient accès à des traitements à l’insuline et à des dispositifs d’autosurveillance de la glycémie à un prix abordable », est-il listé.
Des objectifs concrets à décliner par pays
De nouvelles recommandations pour la prévention et la prise en charge de l’obésité à toutes les étapes de la vie sont assorties d’objectifs pour en stopper la progression d’ici à 2025 et mettre fin à toutes les formes de malnutrition d’ici à 2030. Alors que l’OMS a déjà élaboré un nouveau plan pour aider les États, les délégués listent les mesures à prendre : « réduire la consommation de sucres libres à moins de 10 % de l’apport énergétique total chez les adultes et les enfants ; de porter les taux d’allaitement exclusif au sein au cours des six premiers mois de la vie à au moins 70 % et de réduire de 15 % la prévalence mondiale de l’inactivité physique d’ici à 2030 ».
La stratégie sur la sécurité sanitaire des aliments fait également l’objet d’une mise à jour afin que « toutes les populations consomment des aliments sûrs et sains, ce qui permettrait de réduire la charge des maladies d’origine alimentaire, qui touchent actuellement près d’une personne sur dix dans le monde », rappellent les délégués.
Concernant les objectifs de réduction de « l’usage nocif de l’alcool », l’enjeu est de mettre « effectivement » en œuvre la Stratégie mondiale approuvée il y a 10 ans, jugent les délégués. Alors que les ressources et les capacités mobilisées « ont été insuffisantes pour faire face à l’ampleur du problème », une personne meurt toujours toutes les 10 secondes en raison des méfaits de l’alcool, insistent-ils, renouvelant leurs recommandations d’action (objectifs et principes opérationnels) dans un Plan pour la période 2022-2030.
La santé, un levier de la paix
Par ailleurs, pour la première fois, une stratégie mondiale sur la santé bucco-dentaire a été adoptée. Selon les estimations, plus de 3,5 milliards de cas de maladies bucco-dentaires ont été recensés dans le monde en 2019. Un plan sera discuté lors de la prochaine Assemblée et, dans l’intervalle, l’OMS devra publier un rapport sur le sujet « dans l’année 2022 ».
Les délégués veulent aussi « améliorer la vie des personnes atteintes de troubles neurologiques » avec là encore un nouveau plan « intersectoriel » pour la période 2022-2031 sur l’épilepsie et les autres troubles neurologiques (y compris les accidents vasculaires cérébraux, la migraine, la démence et la méningite). Il s’agit notamment d’améliorer l’accès aux soins et aux traitements, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Enfin, l’Assemblée s’est penchée sur l’initiative de l’OMS « Santé pour la paix ». « Il ne peut y avoir de santé sans paix, et il ne peut y avoir de paix sans santé », résume Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. Selon l’initiative, « les interventions sanitaires liées à la paix peuvent contribuer à améliorer les perspectives de paix locale ». Concrètement, les interventions pourraient permettre de renforcer la collaboration pour les soins entre les différentes parties d’un conflit. Pour développer cette approche, l’OMS est chargée de proposer une feuille de route qui sera examinée lors de la 76e Assemblée.
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