QUEL EST le rôle d’une Agence régionale de santé (ARS) dans la prise en charge des pathologies chroniques ? C’est sur ce thème qu’a été invité à s’exprimer Daniel Lenoir, directeur général de l’ARS du Nord-Pas-de-Calais, lors du 15e congrès de pneumologie de langue française qui s’est tenu fin janvier à Lille. « J’ai beaucoup apprécié de pouvoir m’exprimer à l’occasion de ce congrès et d’échanger avec les participants. Cela a été enrichissant. Certains pneumologues, par exemple, m’ont parlé de l’intérêt des dispositifs de télésurveillance pour les apnées du sommeil. C’est une piste que nous allons étudier », explique Daniel Lenoir. Celui-ci le reconnaît : l’amélioration de la prise en charge des pathologies chroniques est un défi majeur pour le système de santé. « Aujourd’hui, la plupart des pathologies revêtent un caractère chronique. Et il faut bien reconnaître que les pathologies respiratoires occupent une place prépondérante parmi les maladies chroniques », souligne Daniel Lenoir.
La première mission d’une ARS, fait-il valoir, est d’organiser une politique régionale de santé dans sa globalité. « Notre rôle est de mieux organiser le système de soins et de faire en sorte qu’il soit performant, en agissant à la fois au niveau de la prévention, des soins et de l’accompagnement médico-social. L’aspect prévention, d’abord, est essentiel : par exemple, il est évident que dans la région Nord-Pas-de-Calais, la prévalence du tabagisme reste beaucoup trop élevée », constate Daniel Lenoir, en insistant sur la nécessité de prendre aussi en compte les facteurs environnementaux (industrie, habitat…).
Une autre priorité, pour ce patron d’ARS, est la détection la plus précoce des pathologies. « Il faut réfléchir à la place de la médecine de première intention. Par exemple, on peut penser que la mesure du souffle devrait faire partie des examens courants de cette médecine de premier recours », indique Daniel Lenoir, en ajoutant que l’amélioration de la prise en charge des maladies chroniques passe aussi et surtout par la mise en place d’un parcours de santé optimal. « Il faut que le patient puisse d’emblée s’adresser aux bons interlocuteurs et que ces derniers soient en mesure d’échanger et de communiquer les uns avec les autres. Il s’agit de quelque chose d’essentiel dans des pathologies telles que l’asthme, la BPCO, les apnées du sommeil ou bien sûr les cancers ».
Jeter des passerelles.
Pour Daniel Lenoir, un autre rôle de l’ARS est de jeter des passerelles entre les différents acteurs du système de soins. « Dans notre région, il y a quelque chose de très positif, même si on peut regretter que cela ne soit pas encore assez développé dans le domaine des pathologies pulmonaires : il s’agit des réseaux ville-hôpital. C’est une excellente base pour améliorer l’organisation du système de soins ». Daniel Lenoir fait part aussi de sa volonté de mettre en place le plus rapidement possible le dossier médical personnel et partagé entre les professionnels de santé (DMP). « Ce dossier aura un rôle prépondérant à jouer pour les pathologies respiratoires. Dans le domaine de l’asthme, par exemple, on sait l’importance d’avoir une très bonne traçabilité de la pathologie dans le temps. Par ailleurs, le DMP sera une excellente opportunité pour faire travailler ensemble les professionnels de santé. Il faut aussi prendre en compte l’intérêt des structures de santé pluridisciplinaire où se côtoient, sur un même lieu, plusieurs professionnels de santé. C’est un concept intéressant pour les pathologies respiratoires où la prise en charge kinésithérapique joue souvent un rôle essentiel ».
Une autre priorité, en matière de pathologies chroniques, est le développement des programmes d’éducation thérapeutique qui, par exemple, ont montré tout leur intérêt dans une maladie comme l’asthme. « C’est essentiel, dans une pathologie chronique, de pouvoir rendre le patient le plus autonome possible », souligne Daniel Lenoir, en rappelant que c’est l’ARS qui autorise les programmes d’éducation thérapeutique. « Il faut reconnaître que ces programmes sont moins développés dans le domaine des maladies respiratoires que dans d’autres pathologies, ajoute-t-il. Cela est sans doute dû au caractère un peu complexe de la prise en charge des pathologies respiratoires ».
D’après un entretien avec Daniel Lenoir, directeur général de l’ARS Nord-Pas-de-Calais.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation