CES PROCHAINES années devraient faire mentir la phrase d’Aragon. L’homme sera bientôt l’avenir de la femme. Actuellement, les femmes sont les plus touchées par la dépendance. Elles vivent plus longtemps que leurs conjoints. En 2010, elles représentent 60 % des personnes âgées de 75 à 84 ans et près de 85 % des plus de 95 ans. Elles vivent aussi pendant 3 à 4 ans moins bien que les hommes. Ceux-ci sont 19 % à solliciter une aide régulière lorsqu’ils ont plus de 60 ans, contre 35 % pour les femmes, qui connaissent davantage le veuvage. Logiquement, elles sont les principales bénéficiaires (74 % en 2007) de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).
Elles sont également les principales pourvoyeuses d’aide aux parents ou au conjoint. Elles consacrent en moyenne 9 h 45 de leur temps à leur mari (contre 7 h 20 de la part des époux) et 4 h 30 à leurs parents (contre 2 h 40 pour les fils). Un rôle qui a de lourdes répercussions sur leur vie professionnelle, puisqu’elles l’aménagent en fonction de ces tâches, sacrifiant ainsi leur niveau de retraite. Sans oublier la pénibilité et le stress dont elles peuvent souffrir, et qui accélèrent leur entrée dans la dépendance.
Mais ce tableau n’est pas destiné à se pérenniser. « Demain, il y aura plus d’hommes parmi les aidants potentiels », démontre une étude de l’INED publiée aujourd’hui. La raison est d’abord mathématique. Les femmes seront plus nombreuses que les hommes en situation de dépendance. Si la France doit connaître une augmentation généralisée du nombre de seniors, la part des hommes dépendants ne devrait que faiblement progresser (de 26 % en 2010 à 27-30 % en 2060, selon les scénarios), contrairement à celle des femmes.
Valoriser les aidants professionnels.
Ensuite, elles connaîtront moins la solitude. Le rapprochement des espérances de vie entre les 2 sexes compensera, selon l’INED, l’explosion des divorces. Dans 30 ans, à plus de 75 ans, elles seront 47 % à vivre en couple, contre 38 % aujourd’hui. Et à plus de 85 ans, elles seront 21 % à partager leur quotidien, contre 8 % en 2010. Les hommes seront donc davantage confrontés au vieillissement de leur épouse.
Le rôle d’aidant devrait enfin être mieux réparti entre les sexes. Les femmes ont tendance à être moins disponibles, en raison de leur activité professionnelle, qui, en outre, est de plus en plus longue. « Seront-elles encore disposées à assumer l’ensemble des tâches qu’elles effectuent aujourd’hui, seront-elles davantage aidées par les hommes ou feront-elles, comme eux, davantage appel à une aide extérieure », s’interroge l’INED. Avec le changement des mentalités, de nouveaux enjeux s’imposent. En particulier la valorisation des aidants professionnels, préférés par des Français en prise avec des recompositions familiales qui bouleversent les solidarités traditionnelles. La balle est dans le camp des gouvernements qui mettront en œuvre des politiques de prise en charge de la dépendance.
* « Population & Sociétés », n° 483, novembre 2011 (www.ined.fr).
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