DE NOTRE CORRESPONDANTE
DURANT les quatre dernières années, 4 800 médecins auraient décidé de « fuir » l’Italie. La plupart ont moins de 35 ans, un diplôme de spécialiste en poche, et ils optent en priorité pour l’Allemagne, la Suisse ou le Royaume-Uni. C’est ce que révèle une étude choc publiée par le ministère de la Santé italien.
Dans son rapport, le gouvernement précise que le nombre de demandes d’attestation de conformité, un document indispensable pour travailler à l’étranger, a augmenté de 40 % en cinq ans. À titre d’exemple, 1 017 professionnels de santé avaient réclamé cette attestation en 2009 contre déjà 1 600 depuis le début de l’année 2013, selon les estimations du ministère.
Coupes.
Principale cause de l’exil des blouses blanches : la crise économique. Elle frappe la péninsule de plein fouet et n’épargne pas le secteur de la santé, déjà épuisé par les économies massives depuis trois ans qui ont bloqué notamment les recrutements dans le secteur public. Selon le rapport du ministère, ce phénomène d’émigration touche en réalité toutes les catégories de professionnels de santé: médecins, dentistes, vétérinaires et pharmaciens. « Les candidats au départ ne partent pas toujours pour des questions salariales mais plutôt contractuelles. En Allemagne, au Danemark ou en Angleterre, les structures qui recrutent offrent des contrats à durée indéterminée contrairement à l’Italie » insiste Giorgio Santarello du centre Eures, le portail de la mobilité européenne.
Le secteur de la santé commence à s’inquiéter sérieusement de cette hémorragie. « C’est un scandale, nous manquons déjà cruellement de médecins, les coupes budgétaires ayant bloqué tous les remplacements. Les contrats à terme ne sont pas renouvelés et certains collègues travaillent sans aucune couverture » renchérit Augusta Minetti, psychologue à l’hôpital San Camillo de Rome. Du côté des syndicats, on sonne le tocsin. « Si nous continuons à alimenter les départs, la péninsule sera bientôt obligée de chercher de la main-d’œuvre médicale à l’étranger ! » prévient Costantino Troise, secrétaire national de la plus grande confédération italienne de médecins cadres hospitaliers.
Ras-le-bol fiscal.
Que faire pour inverser la tendance ? « Réduire la pression fiscale pour favoriser la création de cabinets privés par exemple, suggère ce médecin romain. Et débloquer des fonds exceptionnels pour stopper le gel des remplacements et rouvrir les services fermés ».
Il y a quelques semaines, le gouvernement italien, qui voulait initialement amputer le budget de la Santé de 4,5milliards d’euros supplémentaires, a fait volte-face. Un signal positif mais qui ne veut nullement dire qu’une manne va tomber sur le service public de santé...
En attendant, d’autres médecins préparent déjà leur départ. Dans le nord de l’Italie, à Padoue, le centre Eures organise des sélections régionales pour des infirmiers, des médecins mais aussi des chercheurs prêts à partir pour l’Allemagne et le Danemark. La semaine dernière, une quarantaine d’infirmiers ont rencontré les émissaires du service public de Bonn, en Allemagne. D’ici à la fin du mois, deux autres rencontres sont prévues avec des représentants danois.
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